Dharamvir Bharati
अन्धा युग
L’Époque aveugle
Des extraits de la pièce ont été lus en public pour la première fois le 14 mai 2008 à Aix-en-Provence.
Plusieurs lectures publiques ont eu lieu depuis :
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Le 10 mars 2017 à Aix-en-Provence
- Le 8 octobre 2017 à Marseille
- Le 20 janvier 2018 à Gardanne
Enfin, cette pièce a fait l'objet d’une analyse de ses résonances, tant dans le répertoire classique indien que dans le téâtre contemporain français lors de la semaine internationale du théâtre de l’Université Aix-Marseille, le 26 mars 2019.
La présente pièce est inspirée d’un épisode du Mahābhārata. L’arbre généalogique simplifié ci-dessous , dit « lignée des Kuru », situe les deux branches de la même famille, protagonistes de cette grande épopée. En est absent le personnage principal de la pièce, Ashvatthama, fils de Dronatcharya, brâhmane et maître d’armes des princes Kaurava et Pāṇḍava.
Ces deux clans cousins sont :
- Les Kaurava, protagonistes de la pièce, issus de la relation entre Vicitravirya et sa première épouse, Ambika
- Les Pandava, soutenus par Krishna, issus de la relation entre Vicitravirya et sa seconde épouse, Ambalika
पात्र | Personnages | ||
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अश्वत्थामा | कृष्ण | Ashvatthama | Krishna |
गान्धारी | विदुर | Gandhari | Vidur |
धृतराष्ट्र | युद्धिष्टिर | Dhritarashtra | Yudhisthira |
कृतवर्मा | कृपाचार्य | Kritvarma | Kripacharya |
संजय | युयुत्सु | Sandjay | Yuyutsu |
वृद्ध याचक | गूँगा भिखारी | Le vieux mendiant | Le mendiant muet |
प्रहरी १ | प्रहरी २ | Garde 1 | Garde 2 |
व्यास | बलराम | Vyasa | Balarama |
पहला अंक | Scène 1 | ||
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धर्मवीर भारती | Traduction : Muriel Calvet, Jacqueline Cassé, Jyoti Garin, Annie Heulin et Claire Vincent | ||
[कौरव नगरी, तीन बार तूर्यनाद के उपरान्त] | [La cité des Kaurava, après trois coups de trompette] | ||
कथा-गायन | Chant narratif | ||
टुकड़े-टुकड़े हो बिखर चुकी मर्यादा उसको दोनों ही पक्षों ने तोड़ा है पाण्डव ने कुछ कम कौरव ने कुछ ज़्यादा यह रक्तपात अब कब समाप्त होना है यह अजब युद्ध है नहीं किसी की भी जय दोनों पक्षों को खोना ही खोना है अंधों से शोभित था युग का सिंहासन दोनों ही पक्षों में विवेक ही हारा दोनों ही पक्षों में जीता अन्धापन भय का अन्धापन, ममता का अन्धापन अधिकारों का अन्धापन जीत गया जो कुछ सुन्दर था, शुभ था, कोमलतम था वह हार गया… द्वापर युग बीत गया |
Brisée, l’éthique a volé en éclats Les deux clans l’ont brisée Les Pandavas, un peu moins, les Kauravas, un peu plus. Ce bain de sang, quand va-t-il cesser ? C’est une guerre étrange, la victoire n’est à personne Pour les deux clans, c’est perte sur perte Le trône de l’Époque est occupé, vain ornement, par des aveugles. Dans les deux clans, la clairvoyance a perdu. Dans les deux clans, l’aveuglement a gagné : l’aveuglement de la peur et l’aveuglement de l’amour des parents. L’aveuglement des privilèges a gagné Le beau, le juste, ce qu’il y avait de plus tendre… ont perdu… l’époque dvâpar s’en est allée. |
||
[पर्दा उठने लगता है] | [Le rideau commence à se lever.] | ||
[पर्दा उठने पर स्टेज ख़ाली है। दाईं और बाईं ओर बरछे और ढाल लिये दो प्रहरी हैं जो वारतालाप करते हुए यन्त्र-परिचालित से स्टेज के आर-पार चलते हैं।] | [Au lever du rideau, la scène est vide. De droite et de gauche, arrivent deux gardes avec des lances et des boucliers. Ils marchent de long en large en maniant leurs armes.] | ||
प्रहरी १ |
थके हुए हैं हम, पर घूम-घूम पहरा देते हैं इस सूने गलियारे में |
Garde 1 |
Nous sommes fatigués, mais nous continuons à monter la garde en déambulant dans cette galerie déserte. |
प्रहरी २ |
सूने गलियारे में जिसके इन रत्न-जटित फ़र्शों पर कौरव-वधुएँ मंथर-मंथर गति से सुरभित पवन-तरंगों-सी चलती थीं आज वे विधवा हैं |
Garde 2 |
Dans cette galerie déserte incrustée de pierres précieuses où dans une insouciante gaieté flânaient, telles des effluves parfumées, les belles-filles des Kauravas… Aujourd’hui, elles sont veuves. |
प्रहरी १ |
थके हुए हैं हम, इसलिये नहीं कि कहीं युद्धों में हमने भी बाहुबल दिखाया है प्रहरी थे हम केवल सत्रह दिनों के लोमहर्षक संग्राम में भाले हमारे ये, ढालें हमारी ये, निरर्थक पड़ी रहीं अंगों पर बोझ बनी रक्षक थे हम केवल लेकिन रक्षणीय कुछ भी नहीं था यहाँ |
Garde 1 |
Nous sommes fatigués, non parce que, quelque part dans les combats, nous aussi nous avons déployé nos forces. Nous n’étions que des gardes. Durant ces dix-sept jours de bataille palpitante, nos lances, nos boucliers, nous ont été inutiles : ils sont restés à peser sur nos bras tel un fardeau. Nous n’étions que des défenseurs, mais rien n’était digne d’être défendu. |
प्रहरी २ |
रक्षणीय कुछ भी नहीं था यहाँ संस्कृति थी यह एक बूढ़े और अंधे की जिसकी संतानों ने महायुद्ध घोषित किये, जिसके अंधेपन में मर्यादा गलित अंग वेश्या-सी प्रजाजनों को भी रोगी बनाती फिरी उस अंधी संस्कृति, उस रोगी मर्यादा की रक्षा हम करते रहे सत्रह दिन। |
Garde 2 |
Rien n’était digne d’être défendu… Voilà les mœurs d’un vieillard aveugle dont la progéniture a proclamé les terribles batailles. Un vieillard dont l’aveuglement, l’éthique, telle une courtisane au corps déchu, a contaminé même les sujets. Ces mœurs aveugles, cette éthique malade, ils ont été défendus pendant dix-sept jours. |
प्रहरी १ |
जिसने अब हमको थका डाला है मेहनत हमारी निरर्थक थी आस्था का, साहस का, श्रम का, अस्तित्व का हमारे कुछ अर्थ नहीं था कुछ भी अर्थ नहीं था |
Garde 1 |
Voilà ce qui nous a fatigués ! Nos efforts étaient vains. Notre loyauté, notre témérité, notre labeur, notre existence même n’avaient pas de sens, aucun sens. |
प्रहरी २ |
अर्थ नहीं था कुछ भी अर्थ नहीं था जीवन के अर्थहीन सूने गलियारे में पहरा दे देकर अब थके हुए हैं हम अब चुके हुए हैं हम |
Garde 2 |
Aucun sens, pas de sens. Dans les galeries vaines et désertes de la vie, à force de monter la garde, maintenant nous sommes fatigués, maintenant nous sommes épuisés. |
[चुप होकर वे आर-पार घूमते हैं। सहसा स्टेज पर प्रकाश धीमा हो जाता है। नेपथ्य से आंधी की-सी ध्वनि आती है। एक प्रहरी कान लगा कर सुनता है, दूसरा भौंहों पर हाथ रख कर आकाश की ओर देखता है।] | [Muets, ils reprennent leur déambulation. Soudain la lumière baisse sur la scène. On entend un bruit de tonnerre dans les coulisses. Un garde tend l’oreille, la main en visière, il tourne son regard vers le ciel.] | ||
प्रहरी १ |
सुनते हो कैसी है ध्वनि यह भयावह? |
Garde 1 |
Entends-tu ? Quel est ce bruit si terrifiant ? |
प्रहरी २ |
सहसा अँधियारा क्यों होने लगा देखो तो दीख रहा है कुछ? |
Garde 2 |
Pourquoi cette soudaine obscurité ? Regarde donc, Vois-tu quelque chose ? |
प्रहरी १ |
अंधे राजा की प्रजा कहाँ तक देखे? दीख नहीं पड़ता कुछ हाँ, शायद बादल है |
Garde 1 |
Jusqu’où peut voir le sujet d’un roi aveugle ? On ne distingue rien. Oui, c’est peut-être un nuage. |
[दूसरा प्रहरी भी बगल में आकर देखता है और भयभीत हो उठता है] | [Le deuxième garde s’approche. Il regarde et lui aussi est terrifié.] | ||
प्रहरी २ |
बादल नहीं है वे गिद्ध हैं लाखों-करोड़ों पाँखें खोले |
Garde 2 |
Ce n’est pas un nuage. Ce sont des vautours par centaines, par milliers, aux ailes déployées… |
[पंखों की ध्वनि के साथ स्टेज पर और भी अँधेरा] | [Au bruit des ailes, la scène s’obscurcit encore.] | ||
प्रहरी १ |
लो सारी कौरव नगरी का आसमान गिद्धों ने घेर लिया |
Garde 1 |
Regarde ! Le ciel tout entier de la cité des Kauravas, les vautours l’ont envahi. |
प्रहरी २ |
झुक जाओ झुक जाओ ढालों के नीचे छिप जाओ नरभक्षी हैं वे गिद्ध भूखे हैं। |
Garde 2 |
Baisse-toi, Baisse-toi ! Sous les boucliers, cache-toi ! Ils sont charognards, ces vautours sont affamés ! |
[प्रकाश तेज़ होने लगता है] | [La lumière revient peu à peu.] | ||
प्रहरी १ |
लो ये मुड़ गए कुरुक्षेत्र की दिशा में |
Garde 1 |
Tiens, ils font demi-tour vers Kouroukchetra ! |
[आँधी की ध्वनि कम होने लगती है] | [Les coups de tonnerre s’éloignent.] | ||
प्रहरी २ |
मौत जैसे ऊपर से निकल गई |
Garde 2 |
Comme si la mort s’était écartée… |
प्रहरी १ |
अशकुन है भयानक वह। पता नहीं क्या होगा कल तक इस नगरी में |
Garde 1 |
Quel mauvais présage… C’est terrifiant ! Qui sait ce qui va advenir d’ici demain dans cette cité ? |
[विदुर का प्रवेश बाईं ओर से] | [Vidur entre côté cour.] | ||
प्रहरी १ | कौन है? | Garde 1 | Qui va là ? |
विदुर |
मैं हूँ विदुर देखा धृतराष्ट्र ने देखा यह भयानक दृष्य? |
Vidur |
C’est moi, Vidur Dhritarachtra a-t-il vu ? A-t-il vu cette scène terrifiante ? |
प्रहरी १ |
देखेंगे कैसे वे? अंधे हैं। कुछ भी क्या देख सके अब तक वे? |
Garde 1 |
Comment pourrait-il voir ? Il est aveugle. A-t-il déjà pu voir quelque chose jusqu’à maintenant ? |
विदुर |
मिलूंगा उनसे मैं अशकुन भयानक है पता नहीं संजय क्या समाचार लाए आज |
Vidur |
Je vais le rencontrer. Le présage est terrifiant ! Qui sait quelles nouvelles Sandjay va apporter aujourd’hui… |
[प्रहरी जाते हैं, विदुर अपने स्थान पर चिन्तातुर खड़े रहते हैं। पीछे का पर्दा उठने लगता है।] | [Les gardes s’en vont. Vidur est debout. Il reste immobile, plongé dans ses pensées. Le rideau du fond de scène se lève.] | ||
कथा गायन | Chant narratif | ||
है कुरुक्षेत्र से कुछ भी ख़बर न आई जीता या हारा बचा-खुचा कौरव-दल जाने किसकी लोथों पर जा उतरेगा यह नरभक्षी गिद्धों का भूखा बादल अन्तःपुर में मरघट की-सी ख़ामोशी कृश गान्धारी बैठी है शीश झुकाए सिंहासन पर धृतराष्ट्र मौन बैठे हैं संजय अब तक कुछ भी संवाद न लाए। |
Pas de nouvelles du champ de bataille de Kouroukchetra. Ce qui reste de l’armée des Kauravas, a-t-elle gagné ou perdu ? Qui sait sur quels cadavres va fondre ce nuage de vautours charognards affamés ? Dans la salle d’audience, on dirait le silence des champs de crémations. Décharnée, Gandhari est assise, la tête baissée. Sur le trône, Dhritarachtra est assis, muet. Sandjay n’a encore rapporté aucune nouvelle. |
||
[पर्दा उठने पर अन्तःपुर। कुशासन बिछाए सादी चौकी पर गान्धारी एक छोटे सिंहासन पर चिन्तातुर धृतराष्ट्र। विदुर उनकी ओर बढ़ते हैं।] | [Au lever de rideau, le quartier des femmes. Gandhari est assise sur un tabouret sur une natte déroulée. Dhritarachtra est assis sur un petit trône, plongé dans ses pensées. Vidur s’avance vers lui.] | ||
धृतराष्ट्र | कौन संजय? | Dhritarachtra | Qui est-ce ? Sandjay ? |
विदुर |
नहीं! विदुर हूँ। महाराज। विह्वल है सारा नगर आज बचे-खुचे जो भी दस-बीस लोग कौरव नगरी में हैं अपलक नेत्रों से कर रहे प्रतीक्षा हैं संजय की। |
Vidur |
Non, c’est Vidur Maharadj. Aujourd’hui, toute la ville est en émoi. Les quelques habitants qui sont restés dans le royaume des Kauravas, le regard fixe, attendent l’arrivée de Sandjay. |
[कुछ क्षण महाराज के उत्तर की प्रतीक्षा कर] | [Attendant quelques instants la réponse de Maharadj.] | ||
विदुर |
महाराज चुप क्यों हैं इतने आप? माता गान्धारी भी मौन हैं! |
Vidur |
Maharadj, pourquoi êtes-vous si taciturne Mata Gandhari aussi a fait vœu de silence. |
धृतराष्ट्र |
विदुर! जीवन में प्रथम बार आज मुझे आशंका व्यापी है। |
Dhritarachtra |
Vidur, dans ma vie, pour la première fois, le doute m’envahit. |
विदुर |
आशंका? आपको जो व्यापी है आज वह वर्षों पहले हिला गयी थी सबको |
Vidur |
Le doute ? Ce qui vous envahit aujourd’hui, il y a bien des années que d’autres l’ont ressenti. |
धृतराष्ट्र | पहले पर कभी भी तुमने यह नहीं कहा… | Dhritarachtra | Mais tu ne m’en as jamais parlé auparavant ! |
विदुर |
भीष्म ने कहा था, गुरु द्रोण ने कहा था, इसी अन्तःपुर में आकर कृष्ण ने कहा था - ‘मर्यादा मत तोड़ो तोड़ी हुई मर्यादा कुचले हुए अजगर-सी गुंजलिका में कौरव-वंश को लपेट कर सूखी लकड़ी-सा तोड़ डालेगी।’ |
Vidur |
Bishma l’avait dit, Le maître Drona l’avait dit. Dans cette même salle d’audience, Krishna était venu le dire : « Ne brise pas l’éthique. L’éthique brisée est tel un python blessé, qui dans ses spires enroule le clan des Kauravas, et le brise comme du bois sec. » |
धृतराष्ट्र |
समझ नहीं सकते हो विदुर तुम। मैं था जन्मान्ध। कैसे कर सकता था ग्रहण मैं बाहरी यथार्थ या सामाजिक मर्यादा को? |
Dhritarachtra |
Toi, Vidur, tu ne peux pas comprendre. Je suis né aveugle. Comment aurais-je pu connaître les règles éthiques de la société ? |
विदुर |
जैसे संसार को किया था ग्रहण अपने अन्धेपन के बावजूद |
Vidur |
Comme vous l’avez fait, malgré votre cécité, pour ce monde. |
धृतराष्ट्र |
पर वह संसार स्वतः अपने अन्धेपन से उपजा था। मैंने अपने ही वैयक्तिक सम्वेदन से जो जाना था केवल इतना ही था मेरे लिये वस्तु-जगत् इन्द्रजाल की माया- सृष्टि के समान घने गहरे अँधियारे में एक काले बिन्दु से मेरे मन ने सारे भाव किये थे विकसित मेरी सब वृत्तियाँ उसी से परिचालित थीं! मेरा स्नेह, मेरी घृणा, मेरी नीति, मेरा धर्म बिलकुल मेरा ही वैयक्तिक था। उसमें नैतिकता का कोई बाह्य मापदंड था ही नहीं। कौरव जो मेरी मांसलता से उपजे थे वे ही थे अन्तिम सत्य मेरी ममता ही वहाँ नीति थी, मर्यादा थी। |
Dhritarachtra |
Mais ce monde était lui-même né de mon aveuglement. Ce que j’avais appris grâce à mes seuls sens, cela seulement, fut pour moi le monde matériel. Dans mon obscurité profonde, à partir d’un point noir, mon cœur a développé tous mes sentiments. Toutes mes attitudes en étaient issues, mon amour, mes haines, ma morale, mes principes, voilà ce qu’était toute ma personnalité. Il n’y avait là aucun repère extérieur. Les Kauravas sont nés de ma chair, eux seuls étaient mon ultime vérité. Seul l’attachement filial était ma morale, c’était mon éthique. |
विदुर |
पहले ही दिन से किन्तु आपका वह अन्तिम सत्य - कौरवों का सैनिक-बल - होने लगा था सिद्ध झूठा और शक्तिहीन पिछले सत्रह दिन से एक-एक कर पूरे वंश के विनाश का सम्वाद आप सुनते रहे। |
Vidur |
Mais, depuis le tout premier jour Cette vérité ultime, la force armée des Kauravas, s’est révélée un total mensonge. Depuis les dix-sept derniers jours, l’un après l’autre, l’anéantissement de toute la lignée, voilà les nouvelles que vous ne cessez d’entendre. |
धृतराष्ट्र |
मेरे लिये वे सम्वाद सब निरर्थक थे। मैं हूँ जन्मान्ध केवल सुन ही तो सकता हूँ संजय मुझे देते हैं केवल शब्द उन शब्दों से जो आकार-चित्र बनते हैं उनसे मैं अब तक अपिरिचित हूँ कल्पित कर सकता नहीं कैसे दुःशासन की आहत छाती से रक्त उबल रहा होगा, कैसे क्रूर भीम ने अंजुली में धार उसे ओठ तर किये होंगे। |
Dhritarachtra |
Mais pour moi, toutes ces nouvelles étaient sans véritable signification. Je suis né aveugle. Je ne peux qu’entendre. Sandjay ne me donne que des mots. Et les images dessinées dans mon esprit à partir de ces mots, jusqu’à maintenant, j’y suis resté étranger. Il ne m’est pas possible d’imaginer comment de la poitrine blessée de Douchassan, le sang peut bouillonner. Comment, le cruel Bhim, le recueillant dans le creux de sa main, aurait pu y tremper ses lèvres. |
गान्धारी |
महाराज। मत दोहोराएं वह सह नहीं पाऊगी। |
Gandhari |
Ah Maharadj, ne répétez pas cela ! Je ne pourrai le supporter. |
[सब क्षण भर चुप] | [Tous restent silencieux un instant.] | ||
धृतराष्ट्र |
आज मुझे भान हुआ। मेरी वैयक्तिक सीमाओं के बाहर भी सत्य हुआ करता है आज मुझे भान हुआ। सहसा यह लगा कोई बाँध टूट गया है कोटि-कोटि योजन तक दहाड़ता हुआ समुद्र मेरे वैयक्तिक अनुमानित सीमित जग को लहरों की विषय-जिह्वाआओं से निगलता हुआ मेरे अन्तर्मन में पैठ गया सब कुछ बह गया मेरे अपने वैयक्तिक मूल्य मेरी निश्चिन्त किन्तु ज्ञानहीन आस्थाएँ। यह जो पीड़ा ने पराजय ने दिया है ज्ञान, दृढ़ता ही देगा वह। किन्तु, इस ज्ञान ने भय ही दिया है विदुर! जीवन में प्रथम बार आज मुझे आशंका व्यापी है। |
Dhritarachtra |
Aujourd’hui je suis conscient qu’en dehors de mes limites personnelles aussi, la vérité existe. Aujourd’hui, j’en suis conscient… Soudain, j’ai l’impression qu’un barrage a cédé. Rugissant sur des milliers de miles, avalant de ses vagues, telles des langues, mon univers personnel, fictif et limité, un océan a fait irruption dans mon esprit. Tout a été balayé : mes valeurs individuelles, ma foi, mes ignorantes croyances. Ce que la douleur, la défaite donne à connaître, cela donnera de la force. Mais ce savoir N’a apporté que l’épouvante, Vidur. Pour la première fois dans ma vie, aujourd’hui le doute me pénètre. |
विदुर |
भय है तो ज्ञान है अधूरा अभी। प्रभु ने कहा था यह ‘ज्ञान जो समर्पित नहीं है अधूरा है मनोबुद्धि तुम अर्पित कर दो मुझे। भय से मुक्त होकर तुम प्राप्त मुझे ही होगे इसमें संदेह नहीं।’ |
Vidur |
Si la crainte est là, alors le savoir est incomplet encore. « Le Seigneur l’a dit : Le savoir qui n’est pas soumis est incomplet. Fais-moi l’offrande de ton intelligence et libéré de la crainte, tu me trouveras. » En cela, il n’y a pas de doute. |
गान्धारी |
इसमें संदेह है और किसी को मत हो मुझको है। ‘अर्पित कर दो मुझको मनोबुद्धि’ उसने कहा है यह जिसने पितामह के वाणों से आहत हो अपनी सारी ही मनोबुद्धि खो दी थी? उसने कहा है यह, जिसने मर्यादा को तोड़ा है बार-बार? |
Gandhari |
Justement, il y a un doute ! Peut-être pas pour les autres, mais pour moi, si. « Offre-moi ton cœur et ton esprit. » Il a dit ça, celui qui, blessé par les flèches de Bhishma, avait perdu cœur et esprit ? Il a dit ça, celui qui ne cesse de transgresser les règles éthiques, encore et encore ? |
धृतराष्ट्र |
शान्त रहो शान्त रहो, गान्धारी, शान्त रहो। दोष किसी को मत दो। अन्धा था मैं… |
Dhritarachtra |
Calme-toi, calme-toi, Gandhari, calme-toi. N’accuse personne. J’étais aveugle… |
गान्धारी |
लेकिन अन्धी नहीं थी मैं। मैंने यह बाहर का वस्तु-जगत् अच्छी तरह जाना था धर्म, नीति, मर्यादा, यह सब हैं केवल आडम्बर मात्र, मैंने यह बार-बार देखा था। निर्णय के क्षण में विवेक और मर्यादा व्यर्थ सिद्ध होते आए हैं सदा हम सब के मन में कहीं एक अन्ध गह्वर है। बर्बर पशु अन्धा पशु वास वहीं करता है, स्वामी जो हमारे विवेक का, नैतिकता, मर्यादा, अनासक्ति, कृष्णार्पण यह सब हैं अन्धी प्रवृत्तियों की पोशाकें जिनमें कटे कपड़ों की आँखें सिली रहती हैं मुझको इस झूठे आडम्बर से नफ़रत थी इसलिये स्वेच्छा से मैंने इन आँखों पर पट्टी चढ़ा रक्खी थी। |
Gandhari |
Mais moi, je n’étais pas aveugle. Je le connaissais bien ce monde superficiel. Ordre, moralité, éthique, ce ne sont là que simples décors Maintes fois, je l’ai vu… Au moment de prendre une décision, le discernement et l’éthique se sont toujours avérés inutiles. Quelque part en nous, tous, nous avons une part obscure. L’animal barbare, l’animal aveugle se terre là, maître de notre discernement. Moralité, éthique, détachement, soumission à Krishna, Nos instincts aveugles ne sont que les vêtements d’apparat. Dans leur étoffe, la place des yeux reste cousue. Je détestais ce décorum mensonger. C’est pourquoi j’avais volontairement posé un bandeau sur mes yeux… |
विदुर |
कटु हो गई हो तुम गान्धारी! पुत्रशोक ने तुमको अन्दर से जर्जर कर डला है! तुम्हीं ने कहा था दुर्योधन से… |
Vidur |
Tu es devenue amère, Gandhari ! Le deuil de la perte de tes fils t’a affaiblie. Mais c’est toi qui avais dit à Douryodhana… |
गान्धारी |
मैंने कहा था दुर्योधन से धर्म जिधर होगा ओ मूर्ख! उधर जय होगी! धर्म किसी ओर नहीं था। लेकिन! सब ही थे अन्धी प्रवृत्तियों से परिचालित जिसको तुम कहते हो प्रभु उसने जब चाहा मर्यादा को अपने ही हित में बदल लिया। वंचक है। |
Gandhari |
J’avais dit à Douryodhana : Ô imbécile, là où règnera l’Ordre, là sera la victoire ! Mais l’Ordre n’était dans aucun camp ! Ils étaient tous livrés à des instincts aveugles. Celui que tu appelles « Seigneur », à son bon vouloir, celui-là a changé la règle éthique en sa faveur. C’est un imposteur ! |
धृतराष्ट्र | शान्त रहो गान्धारी। | Dhritarachtra | Calme-toi Gandhari. |
विदुर |
यह कटु निराशा की उद्धत अनास्था है। क्षमा करो प्रभु! यह कटु अनास्था भी अपने चरणों में स्वीकार करो! आस्था तुम लेते हो लेगा अनास्था कौन? क्षमा करो प्रभु! पुत्र-शोक से जर्जर माता हैं गान्धारी। |
Vidur |
Voilà que l’amer désespoir te fait perdre la foi. Pardonne-moi, Seigneur ! Cette amère mécréance aussi, accepte-la à tes pieds ! Tu accueilles la foi, qui donc va accueillir la mécréance ? Pardonne-moi, Seigneur ! Depuis la perte de ses fils, Mata Gandhari est affaiblie. |
गान्धारी |
माता मत कहो मुझे तुम जिसको कहते हो प्रभु वह भी मुझे माता ही कहता है। शब्द यह जलते हुए लोहे की सलाखों-सा मेरी पसलियों में धँसता है। सत्रह दिन के अन्दर मेरे सब पुत्र एक-एक कर मारे गए अपने इन हाथों से मैंने उन फूलों-सी वधुओं की कलाइयों से चूड़ियाँ उतारी हैं अपने इस आँचल से सेंदुर की रेखाएँ पोंछी हैं। |
Gandhari |
Ne m’appelle pas Mata, « mère ». Celui que tu appelles « Seigneur », lui aussi, m’appelle « Mata ». Ce mot, tel un glaive de feu, me transperce. En dix-sept jours, tous mes fils, l’un après l’autre, ont été tués. De ces mains, j’ai enlevé les bracelets des poignets de leurs épouses, telles des fleurs. Avec le rebord de mon sari, j’ai essuyé leurs marques de vermillon. |
[नेपथ्य से] | [Dans les coulisses] | ||
जय हो दुर्योधन की जय हो। गान्धारी की जय हो। मंगल हो, नरपति ध्र्तराष्ट्र का मंगल हो। |
Victoire ! Victoire à Douryodhana Victoire à Gandhari Que le bien soit ! Que le bien soit pour le protecteur des hommes, Dhritarachtra ! |
||
धृतराष्ट्र |
देखो। विदुर देखो! संजय आए। |
Dhritarachtra |
Regarde, Regarde Vidur, Sandjay est arrivé… |
गान्धारी |
जीत गया मेरा पुत्र दुर्योधन मैंने कहा था वह जीतेगा निश्चय आज। |
Gandhari |
Il a gagné, mon fils Douryodhana ! Je l’avais prédit. Il gagnera certainement aujourd’hui. |
[प्रहरी का प्रवेश] | [Un garde entre.] | ||
प्रहरी | याचक है महाराज! | Le garde | Un mendiant est là, Maharadj ! |
[याचक का प्रवेश] | [Le mendiant entre.] | ||
एक वृद्ध याचक है। | C’est un vieux mendiant. | ||
विदुर |
याचक है? उन्नत ललाट श्वेतकेशी आजानुबाहु? |
Vidur |
Un mendiant ? Au front noble, aux cheveux blancs et aux bras qui touchent les genoux ? |
याचक |
मैं वह भविष्य हूँ जो झूठा सिद्ध हुआ आज कौरव की नगरी में मैंने मापा था, नक्षत्रों की गति को उतारा था अंकों में। मानव-नियति के अलिखित अक्षर जाँचे थे। मैं था ज्योतिषी दूर देष का। |
Le mendiant |
Je suis cet avenir qui s’est avéré mensonger aujourd’hui dans la cité des Kauravas. J’avais mesuré le mouvement des étoiles. Je l’avais calculé. De la destinée de l’homme, j’avais étudié les caractères non inscrits. J’étais l’astrologue d’un pays lointain. |
धृतराष्ट्र |
याद मुझे आता है तुमने कहा था कि द्वन्द्व अनिवार्य है क्योंकि उससे ही जय होगी कौरव-दल की। |
Dhritarachtra |
Je me souviens, tu avais dit, le conflit est inévitable car c’est de lui que proviendra la victoire du clan des Kauravas. |
याचक |
मैं हूँ वही आज मेरा विज्ञान सब मिथ्या ही सिद्ध हुआ। सहसा एक व्यक्ति ऐसा आया जो सारे नक्षत्रों की गति से भी ज़्यादा शक्तिशली था। उसने रणभूमी में विषादग्रस्त अर्जुन से कहा - ‘मैं हूँ परात्पर। जो कहता हूँ करो सत्य जीतेगा मुझसे लो सत्य, मत डरो।’ |
Le mendiant |
En effet, je suis celui-là, Mais aujourd’hui, ma science toute entière, s’est avérée mensongère. Soudain, un homme prodigieux est arrivé, qui s’est avéré plus puissant que le mouvement des astres. Sur le champ de bataille, il dit à Arjuna : ‘Je suis l’Au-delà. Fais ce que je te demande, la Vérité triomphera. Tiens la Vérité de moi, n’aies pas peur.’ |
विदुर | प्रभु थे वे | Vidur | C’était le Seigneur ! |
गान्धारी | कभी नहीं! | Gandhari | Certainement pas ! |
विदुर |
उनकी गति में ही समाहित है सारे इतिहासों की, सारे नक्षत्रों की दैवी गति। |
Vidur |
C’est Son mouvement qui englobe l’Histoire toute entière, le mouvement divin qui embrasse tous les mouvements des astres. |
याचक |
पता नहीं प्रभु हैं या नहीं किन्तु, उस दिन यह सिद्ध हुआ जब कोई भी मनुष्य अनासक्त होकर चुनौती देता है इतिहास को, उस दिन नक्षत्रों की दिशा बदल जाती है। नियति नहीं है पूर्वनिर्धारित- उसको हर क्षण मानव-निर्णय बनाता-मिटाता है। |
Le mendiant |
Je ne sais pas si c’est le Seigneur ou pas mais, ce jour-là, il a été prouvé que lorsqu’un homme, détaché, lance un défi à l’Histoire, ce jour-là, la trajectoire des astres est déviée. Sa lancée n’est pas prédestinée… à chaque instant, la décision humaine la fait ou la défait. |
गान्धारी |
प्रहरी, इसको एक अंजुल मुद्राएं दो। तुमने कहा है- ‘जय होगी दुर्योधन की।’ |
Gandhari |
Garde, donnez-lui une poignée de pierres précieuses Tu as dit : ‘Douryodhan sera vainqueur.’ |
याचक |
मैं तो हूँ झूठा भविष्य मात्र मेरे शब्दों का इस वर्तमान में कोई मूल्य नहीं, मेरे जैसे जाने कितने झूठे भविष्य ध्वस्त स्वप्न गलित तत्त्व बिखरे हैं कौरव की नगरी में गली-गली। माता हैं गान्धारी ममता में पाल रही हैं सब को। |
Le mendiant |
Je suis un simple avenir mensonger. En ce présent, ces paroles n’ont aucune valeur. Comme moi, qui sait combien d’avenirs mensongers, de rêves tombés, de principes épuisés, sont dispersés dans la cité des Kauravas, dans chaque ruelle. Gandhari est mère et son amour maternel nous protège tous. |
[प्रहरी मुद्राएँ लाकर देता है] | [Le garde apporte des pierres précieuses.] | ||
जय हो दुर्योधन की जय हो गान्धारी की |
Victoire à Douryodhan ! Victoire à Gandhari ! |
||
[जाता है] | [Il part.] | ||
गान्धारी |
होगी, अवश्य होगी जय। मेरी यह आशा यदि अन्धी है तो हो पर जीतेगा दुर्योधन जीतेगा। |
Gandhari |
Oui, la victoire est certaine. Si cet espoir est aveugle, alors qu’il le soit ! Il gagnera, Douryodhan gagnera. |
[दूसरा प्रहरी आकर दीप जलाता है] | [Le deuxième garde vient allumer les lampes.] | ||
विदुर | डूब गया दिन… | Vidur | Le jour a disparu… |
धृतराष्ट्र |
पर संजय नहीं आए लौट गए होंगे सब योद्धा अब शिविर में जीता कौन? हारा कौन? |
Dhritarachtra |
Mais Sandjay n’est pas arrivé. À cette heure-ci, tous les guerriers ont dû se retirer dans leurs tentes… Qui a gagné ? Qui a perdu ? |
विदुर |
महाराज! संशय मत करें। संजय जो समाचार लाएंगे शुभ होगा माता अब जाकर विश्राम करें! नगर-द्वार अपलक खुले ही हैं संजय के रथ की प्रतीक्षा में |
Vidur |
Maharadj ! Ne doutez point. La nouvelle qu’apportera Sandjay sera favorable. Mata, allez donc vous reposer maintenant. Les portes de la cité restent ouvertes, sans fermer les paupières, elles guettent Sandjay. |
[एक ओर विदुर और दूसरी ओर धृतराष्ट्र तथा गान्धारी जाते हैं ; प्रहरी पुनः स्टेज के आरपार घूमने लगते हैं] | [Vidur part d’un côté, Dhritarachtra et Gandhari, de l’autre. De nouveau, les gardes arpentent la scène.] | ||
प्रहरी १ | मर्यादा! | Garde 1 | L’éthique ! |
प्रहरी २ | अनास्था! | Garde 2 | La mécréance ! |
प्रहरी १ | पुत्रशोक! | Garde 1 | Le chagrin de la perte des fils ! |
प्रहरी २ | भविष्यत् | Garde 2 | L’avenir ! |
प्रहरी १ |
ये सब राजाओं के जीवन की शोभा हैं |
Garde 1 |
Là ce sont les ornements de la vie des rois. |
प्रहरी २ |
वे जिनको ये सब प्रभु कहते हैं। इस सब को अपने ही जिम्मे ले लेते हैं। |
Garde 2 |
Celui que tous ces gens-là appellent « Seigneur » Il les prend tous en charge ! |
प्रहरी १ |
पर यह जो हम दोनों का जीवन सूने गलियारे में बीत गया |
Garde 1 |
Mais, la vie, la nôtre, passée dans les galeires désertes… |
प्रहरी २ |
कौन इसे अपने जिम्मे लेगा? |
Garde 2 |
Qui va la prendre en charge ? |
प्रहरी १ |
हमने मर्यादा का अतिक्रमण नहीं किया, क्योंकि नहीं थी अपनी कोई भी मर्यादा। |
Garde 1 |
Nous n’avons pas franchi l’éthique car nous n’avions aucune éthique propre. |
प्रहरी २ |
हमको अनास्था ने कभी नहीं झकझोरा, क्योंकि नहीं थी अपनी कोई भी गहन आस्था। |
Garde 2 |
Jamais la mécréance ne nous a titillés car nous n’avions aucune croyance profonde. |
प्रहरी १ | हमने नहीं झेला शोक | Garde 1 | Nous n’avons pas subi de deuil. |
प्रहरी २ | जाना नहीं कोई दर्द | Garde 2 | Nous n’avons pas connu de douleur. |
प्रहरी १ | सूने गलियारे-सा सूना यह जीवन भी बीत गया। | Garde 1 | Comme ces galeries désertes, cette vie de service aussi a fait son temps. |
प्रहरी २ | क्योंकि हम दास थे | Garde 2 | Parce que nous étions des serviteurs. |
प्रहरी १ | केवल वहन करते थे आज्ञाएँ हम अन्धे राजा की | Garde 1 | Nous ne faisions qu’exécuter les ordres du roi aveugle. |
प्रहरी २ |
नहीं था हमारा कोई अपना ख़ुद का मत, कोई अपना निर्णय |
Garde 2 |
Nous n’avions jamais d’avis personnel, aucune initiative personnelle. |
प्रहरी १ |
इसलिये सूने गलियारे में निरुद्देश्य, निरुद्देश्य, चलते हम रहे सदा दाएँ से बाएँ, और बाएँ से दाएँ |
Garde 1 |
C’est pourquoi dans cette galerie déserte, sans but, sans but, nous avons toujours continué à déambuler de droite à gauche, et de gauche à droite. |
प्रहरी २ |
मरने के बाद भी यम के गलियारे में चलते रहेंगे सदा दाएँ से बाएँ और बाएँ से दाएँ! |
Garde 2 |
Même après la mort, dans les galeries de Yama, nous continuerons toujours à déambuler de droite à gauche, et de gauche à droite. |
[चलते-चलते विंग में चले जाते हैं। स्टेज पर अँधेरा धीरे-धीरे पटाक्षेप के साथ] | [Ils marchent et disparaissent dans les coulisses. La scène s’obscurcit pendant que le rideau tombe.] | ||
कथा गायन | Chant narratif | ||
आसन्न पराजय वाली इस नगरी में सब नष्ट हुई पद्धतियाँ धीमे-धीमे यह शाम पराजय की, भय की, संशय की भर गए तिमिर से ये सूने गलियारे जिनमें बूढ़ा झूठा भविष्य याचक-सा है भटक रहा टुकड़े को हाथ पसारे अन्दर केवल दो बुझती लपटें बाकी राजा के अन्धे दर्शन की बारीकी या अन्धी आशा माता गान्धारी की वह संजय जिसको यह वर्दान मिला है वह अमर रहेगा और तटस्थ रहेगा जो दिव्य दृष्टि से सब देखेगा समझेगा जो अन्धे राजा से सब सत्य कहेगा। जो मुक्त रहेगा ब्रह्मास्त्रों के भय से जो मुक्त रहेगा उलझन से, संशय से… वह संजय भी इस मोह-निशा से घिर कर है भटक रहा जाने किस कंटक-पथ पर। |
Dans cette cité proche de la défaite, toutes les traditions se sont corrompues peu à peu, un crépuscule de défaite, de terreur et de doute règne… Ces galeries désertes sont plongées dans l’obscurité où l’Avenir, tel un vieux mendiant félon, erre, la main tendue, quémandant une bouchée. Seuls demeurent deux lueurs évanescentes : l’étroitesse de la vision aveugle du roi et l’espoir aveugle de Mata Gandhari. Sandjay, qui a reçu le don, il est immortel et atteindra la rive. Celui qui, doué de la vision divine, voit tout, comprend tout, celui-là dira toute la vérité au roi aveugle. Celui qui est libre de la crainte des armes célestes de Brahma celui qui est libre de tourments et de doutes, même lui, Sandjay, plongé dans cette nuit de l’attachement erre, qui sait sur quel chemin d’épines… |
pātra | Personnages | ||
---|---|---|---|
aśvatthāmā | kṛṣṇa | Ashvatthama | Krishna |
gāndhārī | vidura | Gandhari | Vidur |
dhṛtarāṣṭra | yuddhiṣṭira | Dhritarashtra | Yudhisthira |
kṛtavarmā | kṛpācārya | Kritvarma | Kripacharya |
saṁjaya | yuyutsu | Sandjay | Yuyutsu |
vṛddha yācaka | gūngā bhikhārī | Le vieux mendiant | Le mendiant muet |
praharī 1 | praharī 2 | Garde 1 | Garde 2 |
vyāsa | balarāma | Vyasa | Balarama |
pahalā aṁka | Scène 1 | ||
---|---|---|---|
Dharamvir Bharati | Traduction : Muriel Calvet, Jacqueline Cassé, Jyoti Garin, Annie Heulin et Claire Vincent | ||
[kaurava nagarī, tīna bāra tūryanāda ke uparānta.] | [La cité des Kauravas, après trois coups de trompette.] | ||
kathā-gāyana | Chant narratif | ||
ṭukaṛe-ṭukaṛe ho bikhara cukī maryādā usako donoṁ hī pakṣoṁ ne toṛā hai pāṇḍava ne kucha kama kaurava ne kucha zyādā yaha raktapāta aba kaba samāpta honā hai yaha ajaba yuddha hai nahīṁ kisī kī bhī jaya donoṁ pakṣoṁ ko khonā hī khonā hai aṁdhoṁ se śobhita thā yuga kā siṁhāsana donoṁ hī pakṣoṁ meṁ viveka hī hārā donoṁ hī pakṣoṁ meṁ jītā andhāpana bhaya kā andhāpana mamatā kā andhāpana adhikāroṁ kā andhāpana jīta gayā jo kucha sundara thā śubha thā komalatama thā vaha hāra gayā dvāpara yuga bīta gayā |
Brisée, l’éthique a volé en éclats Les deux clans l’ont brisée Les Pandavas, un peu moins, les Kauravas, un peu plus. Ce bain de sang, quand va-t-il cesser ? C’est une guerre étrange, la victoire n’est à personne Pour les deux clans, c’est perte sur perte Le trône de l’Époque est occupé, vain ornement, par des aveugles. Dans les deux clans, la clairvoyance a perdu. Dans les deux clans, l’aveuglement a gagné : l’aveuglement de la peur et l’aveuglement de l’amour des parents. L’aveuglement des privilèges a gagné Le beau, le juste, ce qu’il y avait de plus tendre… ont perdu… l’époque dvâpar s’en est allée. |
||
[pardā uṭhane lagatā hai.] | [Le rideau commence à se lever.] | ||
[pardā uṭhane para sṭeja khālī hai. dāīṁ aura bāīṁ ora barache aura ḍhāla liye do praharī haiṁ jo vāratālāpa karate hue yantra-paricālita se sṭeja ke āra-pāra calate haiṁ.] | [Au lever du rideau, la scène est vide. De droite et de gauche, arrivent deux gardes avec des lances et des boucliers. Ils marchent de long en large en maniant leurs armes.] | ||
praharī 1 |
thake hue haiṁ hama para ghūma-ghūma paharā dete haiṁ isa sūne galiyāre meṁ. |
Garde 1 |
Nous sommes fatigués, mais nous continuons à monter la garde en déambulant dans cette galerie déserte. |
praharī 2 |
sūne galiyāre meṁ jisake ina ratna-jaṭita farśoṁ para kaurava-vadhue maṁthara-maṁthara gati se surabhita pavana-taraṁgoṁ-sī calatī thīṁ āja ve vidhavā haiṁ. |
Garde 2 |
Dans cette galerie déserte incrustée de pierres précieuses où dans une insouciante gaieté flânaient, telles des effluves parfumées, les belles-filles des Kauravas… Aujourd’hui, elles sont veuves. |
praharī 1 |
thake hue haiṁ hama isaliye nahīṁ ki kahīṁ yuddhoṁ meṁ hamane bhī bāhubala dikhāyā hai praharī the hama kevala satraha dinoṁ ke lomaharṣaka saṁgrāma meṁ bhāle hamāre ye ḍhāleṁ hamārī ye nirarthaka paṛī rahīṁ aṁgoṁ para bojha banī rakṣaka the hama kevala lekina rakṣaṇīya kucha bhī nahīṁ thā yahāṁ. |
Garde 1 |
Nous sommes fatigués, non parce que, quelque part dans les combats, nous aussi nous avons déployé nos forces. Nous n’étions que des gardes. Durant ces dix-sept jours de bataille palpitante, nos lances, nos boucliers, nous ont été inutiles : ils sont restés à peser sur nos bras tel un fardeau. Nous n’étions que des défenseurs, mais rien n’était digne d’être défendu. |
praharī 2 |
rakṣaṇīya kucha bhī nahīṁ thā yahāṁ saṁskṛti thī yaha eka būṛhe aura aṁdhe kī jisakī saṁtānoṁ ne mahāyuddha ghoṣita kiye jisake aṁdhepana meṁ maryādā galita aṁga veśyā-sī prajājanoṁ ko bhī rogī banātī phirī usa aṁdhī saṁskṛti usa rogī maryādā kī rakṣā hama karate rahe satraha dina. |
Garde 2 |
Rien n’était digne d’être défendu… Voilà les mœurs d’un vieillard aveugle dont la progéniture a proclamé les terribles batailles. Un vieillard dont l’aveuglement, l’éthique, telle une courtisane au corps déchu, a contaminé même les sujets. Ces mœurs aveugles, cette éthique malade, ils ont été défendus pendant dix-sept jours. |
praharī 1 |
jisane aba hamako thakā ḍālā hai mehanata hamārī nirarthaka thī āsthā kā sāhasa kā śrama kā astitva kā hamāre kucha artha nahīṁ thā kucha bhī artha nahīṁ thā. |
Garde 1 |
Voilà ce qui nous a fatigués ! Nos efforts étaient vains. Notre loyauté, notre témérité, notre labeur, notre existence même n’avaient pas de sens, aucun sens. |
praharī 2 |
artha nahīṁ thā kucha bhī artha nahīṁ thā jīvana ke arthahīna sūne galiyāre meṁ paharā de dekara aba thake hue haiṁ hama aba cuke hue haiṁ hama. |
Garde 2 |
Aucun sens, pas de sens. Dans les galeries vaines et désertes de la vie, à force de monter la garde, maintenant nous sommes fatigués, maintenant nous sommes épuisés. |
[cupa hokara ve āra-pāra ghūmate haiṁ. sahasā sṭeja para prakāśa dhīmā ho jātā hai. nepathya se āṁdhī kī-sī dhvani ātī hai. eka praharī kāna lagā kara sunatā hai dūsarā bhauṁhoṁ para hātha rakha kara ākāśa kī ora dekhatā hai.] | [Muets, ils reprennent leur déambulation. Soudain la lumière baisse sur la scène. On entend un bruit de tonnerre dans les coulisses. Un garde tend l’oreille, la main en visière, il tourne son regard vers le ciel.] | ||
praharī 1 |
sunate ho? kaisī hai dhvani yaha bhayāvaha? |
Garde 1 |
Entends-tu ? Quel est ce bruit si terrifiant ? |
praharī 2 |
sahasā a dhiyārā kyoṁ hone lagā? dekho to dīkha rahā hai kucha? |
Garde 2 |
Pourquoi cette soudaine obscurité ? Regarde donc, Vois-tu quelque chose ? |
praharī 1 |
aṁdhe rājā kī prajā kahāṁ taka dekhe? dīkha nahīṁ paṛatā kucha hāṁ śāyada bādala hai. |
Garde 1 |
Jusqu’où peut voir le sujet d’un roi aveugle ? On ne distingue rien. Oui, c’est peut-être un nuage. |
[dūsarā praharī bhī bagala meṁ ākara dekhatā hai aura bhayabhīta ho uṭhatā hai.] | [Le deuxième garde s’approche. Il regarde et lui aussi est terrifié.] | ||
praharī 2 |
bādala nahīṁ hai ve giddha haiṁ lākhoṁ-karoṛoṁ pāṁkheṁ khole. |
Garde 2 |
Ce n’est pas un nuage. Ce sont des vautours par centaines, par milliers, aux ailes déployées… |
[paṁkhoṁ kī dhvani ke sātha sṭeja para aura bhī aṁdherā.] | [Au bruit des ailes, la scène s’obscurcit encore.] | ||
praharī 1 |
lo! sārī kaurava nagarī kā āsamāna giddhoṁ ne ghera liyā. |
Garde 1 |
Regarde ! Le ciel tout entier de la cité des Kauravas, les vautours l’ont envahi. |
praharī 2 |
jhuka jāo jhuka jāo! ḍhāloṁ ke nīce chipa jāo! narabhakṣī haiṁ ve giddha bhūkhe haiṁ! |
Garde 2 |
Baisse-toi, Baisse-toi ! Sous les boucliers, cache-toi ! Ils sont charognards, ces vautours sont affamés ! |
[prakāśa teza hone lagatā hai.] | [La lumière revient peu à peu.] | ||
praharī 1 |
lo ye muṛa gae kurukṣetra kī diśā meṁ! |
Garde 1 |
Tiens, ils font demi-tour vers Kouroukchetra ! |
[āṁdhī kī dhvani kama hone lagatī hai.] | [Les coups de tonnerre s’éloignent.] | ||
praharī 2 |
mauta jaise ūpara se nikala gaī. |
Garde 2 |
Comme si la mort s’était écartée… |
praharī 1 |
aśakuna hai bhayānaka vaha! patā nahīṁ kyā hogā kala taka isa nagarī meṁ? |
Garde 1 |
Quel mauvais présage… C’est terrifiant ! Qui sait ce qui va advenir d’ici demain dans cette cité ? |
[vidura kā praveśa bāīṁ ora se.] | [Vidur entre côté cour.] | ||
praharī 1 | kauna hai? | Garde 1 | Qui va là ? |
vidura |
maiṁ hūṁ vidura dekhā dhṛtarāṣṭra ne? dekhā yaha bhayānaka dṛṣya? |
Vidur |
C’est moi, Vidur Dhritarachtra a-t-il vu ? A-t-il vu cette scène terrifiante ? |
praharī 1 |
dekheṁge kaise ve? aṁdhe haiṁ. kucha bhī kyā dekha sake aba taka ve? |
Garde 1 |
Comment pourrait-il voir ? Il est aveugle. A-t-il déjà pu voir quelque chose jusqu’à maintenant ? |
vidura |
milūṁgā unase maiṁ aśakuna bhayānaka hai! patā nahīṁ saṁjaya kyā samācāra lāe āja. |
Vidur |
Je vais le rencontrer. Le présage est terrifiant ! Qui sait quelles nouvelles Sandjay va apporter aujourd’hui… |
[praharī jāte haiṁ vidura apane sthāna para cintātura khaṛe rahate haiṁ. pīche kā pardā uṭhane lagatā hai.] | [Les gardes s’en vont. Vidur est debout. Il reste immobile, plongé dans ses pensées. Le rideau du fond de scène se lève.] | ||
kathā gāyana | Chant narratif | ||
hai kurukṣetra se kucha bhī khabara na āī jītā yā hārā bacā-khucā kaurava-dala jāne kisakī lothoṁ para jā utaregā yaha narabhakṣī giddhoṁ kā bhūkhā bādala antaḥpura meṁ maraghaṭa kī-sīṁāmośī kṛśa gāndhārī baiṭhī hai śīśa jhukāe siṁhāsana para dhṛtarāṣṭra mauna baiṭhe haiṁ saṁjaya aba taka kucha bhī saṁvāda na lāe. |
Pas de nouvelles du champ de bataille de Kouroukchetra. Ce qui reste de l’armée des Kauravas, a-t-elle gagné ou perdu ? Qui sait sur quels cadavres va fondre ce nuage de vautours charognards affamés ? Dans la salle d’audience, on dirait le silence des champs de crémations. Décharnée, Gandhari est assise, la tête baissée. Sur le trône, Dhritarachtra est assis, muet. Sandjay n’a encore rapporté aucune nouvelle. |
||
[pardā uṭhane para antaḥpura. kuśāsana bichāe sādī caukī para gāndhārī eka choṭe siṁhāsana para cintātura dhṛtarāṣṭra. vidura unakī ora baṛhate haiṁ.] | [Au lever de rideau, le quartier des femmes. Gandhari est assise sur un tabouret sur une natte déroulée. Dhritarachtra est assis sur un petit trône, plongé dans ses pensées. Vidur s’avance vers lui.] | ||
dhṛtarāṣṭra | kauna? saṁjaya? | Dhritarachtra | Qui est-ce ? Sandjay ? |
vidura |
nahīṁ vidura hūṁ mahārāja. vihvala hai sārā nagara āja bace-khuce jo bhī dasa-bīsa loga kaurava nagarī meṁ haiṁ apalaka netroṁ se kara rahe pratīkṣā haiṁ saṁjaya kī. |
Vidur |
Non, c’est Vidur Maharadj. Aujourd’hui, toute la ville est en émoi. Les quelques habitants qui sont restés dans le royaume des Kauravas, le regard fixe, attendent l’arrivée de Sandjay. |
[kucha kṣaṇa mahārāja ke uttara kī pratīkṣā kara.] | [Attendant quelques instants la réponse de Maharadj.] | ||
vidura |
mahārāja cupa kyoṁ haiṁ itane āpa mātā gāndhārī bhī mauna haiṁ! |
Vidur |
Maharadj, pourquoi êtes-vous si taciturne ? Mata Gandhari aussi a fait vœu de silence ! |
dhṛtarāṣṭra |
vidura jīvana meṁ prathama bāra āja mujhe āśaṁkā vyāpī hai. |
Dhritarachtra |
Vidur, dans ma vie, pour la première fois, le doute m’envahit. |
vidura |
āśaṁkā? āpako jo vyāpī hai āja vaha varṣoṁ pahale hilā gayī thī sabako. |
Vidur |
Le doute ? Ce qui vous envahit aujourd’hui, il y a bien des années que d’autres l’ont ressenti. |
dhṛtarāṣṭra | pahale para kabhī bhī tumane yaha nahīṁ kahā… | Dhritarachtra | Mais tu ne m’en as jamais parlé auparavant ! |
vidura |
bhīṣma ne kahā thā guru droṇa ne kahā thā isī antaḥpura meṁ ākara kṛṣṇa ne kahā thā- ‘maryādā mata toṛo toṛī huī maryādā kucale hue ajagara-sī guṁjalikā meṁ kaurava-vaṁśa ko lapeṭa kara sūkhī lakaṛī-sā toṛa ḍālegī.’ |
Vidur |
Bishma l’avait dit, Le maître Drona l’avait dit. Dans cette même salle d’audience, Krishna était venu le dire : « Ne brise pas l’éthique. L’éthique brisée est tel un python blessé, qui dans ses spires enroule le clan des Kauravas, et le brise comme du bois sec. » |
dhṛtarāṣṭra |
samajha nahīṁ sakate ho vidura tuma. maiṁ thā janmāndha. kaise kara sakatā thā grahaṇa maiṁ bāharī yathārtha yā sāmājika maryādā ko? |
Dhritarachtra |
Toi, Vidur, tu ne peux pas comprendre. Je suis né aveugle. Comment aurais-je pu connaître les règles éthiques de la société ? |
vidura |
jaise saṁsāra ko kiyā thā grahaṇa apane andhepana ke bāvajūda. |
Vidur |
Comme vous l’avez fait, malgré votre cécité, pour ce monde. |
dhṛtarāṣṭra |
para vaha saṁsāra svataḥ apane andhepana se upajā thā. maiṁne apane hī vaiyaktika samvedana se jo jānā thā kevala itanā hī thā mere liye vastu-jagat indrajāla kī māyā-sṛṣṭi ke samāna ghane gahare aṁdhiyāre meṁ eka kāle bindu se mere mana ne sāre bhāva kiye the vikasita merī saba vṛttiyāṁ usī se paricālita thīṁ merā sneha merī ghṛṇā merī nīti merā dharma bilakula merā hī vaiyaktika thā. usameṁ naitikatā kā koī bāhya māpadaṁḍa thā hī nahīṁ. kaurava jo merī māṁsalatā se upaje the ve hī the antima satya merī mamatā hī vahāṁ nīti thī maryādā thī. |
Dhritarachtra |
Mais ce monde était lui-même né de mon aveuglement. Ce que j’avais appris grâce à mes seuls sens, cela seulement, fut pour moi le monde matériel. Dans mon obscurité profonde, à partir d’un point noir, mon cœur a développé tous mes sentiments. Toutes mes attitudes en étaient issues, mon amour, mes haines, ma morale, mes principes, voilà ce qu’était toute ma personnalité. Il n’y avait là aucun repère extérieur. Les Kauravas sont nés de ma chair, eux seuls étaient mon ultime vérité. Seul l’attachement filial était ma morale, c’était mon éthique. |
vidura |
pahale hī dina se kintu āpakā vaha antima satya - kauravoṁ kā sainika-bala - hone lagā thā siddha jhūṭhā aura śaktihīna pichale satraha dina se eka-eka kara pūre vaṁśa ke vināśa kā samvāda āpa sunate rahe. |
Vidur |
Mais, depuis le tout premier jour Cette vérité ultime, la force armée des Kauravas, s’est révélée un total mensonge. Depuis les dix-sept derniers jours, l’un après l’autre, l’anéantissement de toute la lignée, voilà les nouvelles que vous ne cessez d’entendre. |
dhṛtarāṣṭra |
mere liye ve samvāda saba nirarthaka the. maiṁ hūṁ janmāndha kevala suna hī to sakatā hūṁ saṁjaya mujhe dete haiṁ kevala śabda una śabdoṁ se jo ākāra-citra banate haiṁ unase maiṁ aba taka apiricita hūṁ kalpita kara sakatā nahīṁ kaise duḥśāsana kī āhata chātī se rakta ubala rahā hogā kaise krūra bhīma ne aṁjulī meṁ dhāra use oṭha tara kiye hoṁge. |
Dhritarachtra |
Mais pour moi, toutes ces nouvelles étaient sans véritable signification. Je suis né aveugle. Je ne peux qu’entendre. Sandjay ne me donne que des mots. Et les images dessinées dans mon esprit à partir de ces mots, jusqu’à maintenant, j’y suis resté étranger. Il ne m’est pas possible d’imaginer comment de la poitrine blessée de Douchassan, le sang peut bouillonner. Comment, le cruel Bhim, le recueillant dans le creux de sa main, aurait pu y tremper ses lèvres. |
gāndhārī |
mahārāja. mata dohorāeṁ vaha! saha nahīṁ pāūgī. |
Gandhari |
Ah Maharadj, ne répétez pas cela ! Je ne pourrai le supporter. |
[saba kṣaṇa bhara cupa.] | [Tous restent silencieux un instant.] | ||
dhṛtarāṣṭra |
āja mujhe bhāna huā. merī vaiyaktika sīmāoṁ ke bāhara bhī satya huā karatā hai āja mujhe bhāna huā. sahasā yaha lagā koī bāṁdha ṭūṭa gayā hai koṭi-koṭi yojana taka dahāṛatā huā samudra mere vaiyaktika anumānita sīmita jaga ko laharoṁ kī viṣaya-jihvāāoṁ se nigalatā huā mere antarmana meṁ paiṭha gayā saba kucha baha gayā mere apane vaiyaktika mūlya merī niścinta kintu jñānahīna āsthāeṁ. yaha jo pīṛā ne parājaya ne diyā hai jñāna dṛṛhatā hī degā vaha. kintu isa jñāna ne bhaya hī diyā hai vidura jīvana meṁ prathama bāra āja mujhe āśaṁkā vyāpī hai. |
Dhritarachtra |
Aujourd’hui je suis conscient qu’en dehors de mes limites personnelles aussi, la vérité existe. Aujourd’hui, j’en suis conscient… Soudain, j’ai l’impression qu’un barrage a cédé. Rugissant sur des milliers de miles, avalant de ses vagues, telles des langues, mon univers personnel, fictif et limité, un océan a fait irruption dans mon esprit. Tout a été balayé : mes valeurs individuelles, ma foi, mes ignorantes croyances. Ce que la douleur, la défaite donne à connaître, cela donnera de la force. Mais ce savoir N’a apporté que l’épouvante, Vidur. Pour la première fois dans ma vie, aujourd’hui le doute me pénètre. |
vidura |
bhaya hai to jñāna hai adhūrā abhī. prabhu ne kahā thā yaha ‘jñāna jo samarpita nahīṁ hai adhūrā hai manobuddhi tuma arpita kara do mujhe. bhaya se mukta hokara tuma prāpta mujhe hī hoge isameṁ saṁdeha nahīṁ.’ |
Vidur |
Si la crainte est là, alors le savoir est incomplet encore. « Le Seigneur l’a dit : Le savoir qui n’est pas soumis est incomplet. Fais-moi l’offrande de ton intelligence et libéré de la crainte, tu me trouveras. » En cela, il n’y a pas de doute. |
gāndhārī |
isameṁ saṁdeha hai! aura kisī ko mata ho mujhako hai. ‘arpita kara do mujhako manobuddhi’ usane kahā hai yaha jisane pitāmaha ke vāṇoṁ se āhata ho apanī sārī hī manobuddhi kho dī thī? usane kahā hai yaha jisane maryādā ko toṛā hai bāra-bāra? |
Gandhari |
Justement, il y a un doute ! Peut-être pas pour les autres, mais pour moi, si. « Offre-moi ton cœur et ton esprit. » Il a dit ça, celui qui, blessé par les flèches de Bhishma, avait perdu cœur et esprit ? Il a dit ça, celui qui ne cesse de transgresser les règles éthiques, encore et encore ? |
dhṛtarāṣṭra |
śānta raho śānta raho gāndhārī śānta raho. doṣa kisī ko mata do. andhā thā maiṁ… |
Dhritarachtra |
Calme-toi, calme-toi, Gandhari, calme-toi. N’accuse personne. J’étais aveugle… |
gāndhārī |
lekina andhī nahīṁ thī maiṁ. maiṁne yaha bāhara kā vastu-jagat acchī taraha jānā thā dharma nīti maryādā yaha saba haiṁ kevala āḍambara mātra maiṁne yaha bāra-bāra dekhā thā. nirṇaya ke kṣaṇa meṁ viveka aura maryādā vyartha siddha hote āe haiṁ sadā hama saba ke mana meṁ kahīṁ eka andha gahvara hai. bābara paśu andhā paśu vāsa vahīṁ karatā hai svāmī jo hamāre viveka kā naitikatā maryādā anāsakti kṛṣṇārpaṇa yaha saba haiṁ andhī pravṛttiyoṁ kī pośākeṁ jinameṁ kaṭe kapaṛoṁ kī āṁkheṁ silī rahatī haiṁ mujhako isa jhūṭhe āḍambara se nafarata thī isaliye svecchā se maiṁne ina āṁkhoṁ para paṭṭī caṛhā rakkhī thī. |
Gandhari |
Mais moi, je n’étais pas aveugle. Je le connaissais bien ce monde superficiel. Ordre, moralité, éthique, ce ne sont là que simples décors Maintes fois, je l’ai vu… Au moment de prendre une décision, le discernement et l’éthique se sont toujours avérés inutiles. Quelque part en nous, tous, nous avons une part obscure. L’animal barbare, l’animal aveugle se terre là, maître de notre discernement. Moralité, éthique, détachement, soumission à Krishna, Nos instincts aveugles ne sont que les vêtements d’apparat. Dans leur étoffe, la place des yeux reste cousue. Je détestais ce décorum mensonger. C’est pourquoi j’avais volontairement posé un bandeau sur mes yeux… |
vidura |
kaṭu ho gaī ho tuma gāndhārī putraśoka ne tumako andara se jarjara kara ḍalā hai tumhīṁ ne kahā thā duryodhana se… |
Vidur |
Tu es devenue amère, Gandhari ! Le deuil de la perte de tes fils t’a affaiblie. Mais c’est toi qui avais dit à Douryodhana… |
gāndhārī |
maiṁne kahā thā duryodhana se dharma jidhara hogā o mūrkha udhara jaya hogī dharma kisī ora nahīṁ thā.lekina saba hī the andhī pravṛttiyoṁ se paricālita jisako tuma kahate ho prabhu usane jaba cāhā maryādā ko apane hī hita meṁ badala liyā. vaṁcaka hai. |
Gandhari |
J’avais dit à Douryodhana : Ô imbécile, là où règnera l’Ordre, là sera la victoire ! Mais l’Ordre n’était dans aucun camp ! Ils étaient tous livrés à des instincts aveugles. Celui que tu appelles « Seigneur », à son bon vouloir, celui-là a changé la règle éthique en sa faveur. C’est un imposteur ! |
dhṛtarāṣṭra | śānta raho gāndhārī. | Dhritarachtra | Calme-toi Gandhari. |
vidura |
yaha kaṭu nirāśā kī uddhata anāsthā hai. kṣamā karo prabhu ! yaha kaṭu anāsthā bhī apane caraṇoṁ meṁ svīkāra karo ! āsthā tuma lete ho legā anāsthā kauna? kṣamā karo prabhu! putra-śoka se jarjara mātā haiṁ gāndhārī. |
Vidur |
Voilà que l’amer désespoir te fait perdre la foi. Pardonne-moi, Seigneur ! Cette amère mécréance aussi, accepte-la à tes pieds ! Tu accueilles la foi, qui donc va accueillir la mécréance ? Pardonne-moi, Seigneur ! Depuis la perte de ses fils, Mata Gandhari est affaiblie. |
gāndhārī |
mātā mata kaho mujhe tuma jisako kahate ho prabhu vaha bhī mujhe mātā hī kahatā hai. śabda yaha jalate hue lohe kī salākhoṁ-sā merī pasaliyoṁ meṁ dha satā hai. satraha dina ke andara mere saba putra eka-eka kara māre gae apane ina hāthoṁ se maiṁne una phūloṁ-sī vadhuoṁ kī kalāiyoṁ se cūṛiyā utārī haiṁ apane isa ā cala se seṁdura kī rekhāeṁ poṁchī haiṁ. |
Gandhari |
Ne m’appelle pas Mata, « mère ». Celui que tu appelles « Seigneur », lui aussi, m’appelle « Mata ». Ce mot, tel un glaive de feu, me transperce. En dix-sept jours, tous mes fils, l’un après l’autre, ont été tués. De ces mains, j’ai enlevé les bracelets des poignets de leurs épouses, telles des fleurs. Avec le rebord de mon sari, j’ai essuyé leurs marques de vermillon. |
[nepathya se] | [Dans les coulisses] | ||
jaya ho! duryodhana kī jaya ho! gāndhārī kī jaya ho! maṁgala ho! narapati dhrtarāṣṭra kā maṁgala ho! |
Victoire ! Victoire à Douryodhana Victoire à Gandhari Que le bien soit ! Que le bien soit pour le protecteur des hommes, Dhritarachtra ! |
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dhṛtarāṣṭra |
dekho. vidura dekho saṁjaya āe. |
Dhritarachtra |
Regarde, Regarde Vidur, Sandjay est arrivé… |
gāndhārī |
jīta gayā merā putra duryodhana! maiṁne kahā thā vaha jītegā niścaya āja. |
Gandhari |
Il a gagné, mon fils Douryodhana ! Je l’avais prédit. Il gagnera certainement aujourd’hui. |
[praharī kā praveśa.] | [Un garde entre.] | ||
praharī | yācaka hai mahārāja! | Le garde | Un mendiant est là, Maharadj ! |
[yācaka kā praveśa.] | [Le mendiant entre.] | ||
eka vṛddha yācaka hai. | C’est un vieux mendiant. | ||
vidura |
yācaka hai? unnata lalāṭa śvetakeśī ājānubāhu? |
Vidur |
Un mendiant ? Au front noble, aux cheveux blancs et aux bras qui touchent les genoux ? |
yācaka |
maiṁ vaha bhaviṣya hūṁ jo jhūṭhā siddha huā āja kaurava kī nagarī meṁ maiṁne māpā thā nakṣatroṁ kī gati ko utārā thā aṁkoṁ meṁ. mānava-niyati ke alikhita akṣara jā ce the. maiṁ thā jyotiṣī dūra deṣa kā. |
Le mendiant |
Je suis cet avenir qui s’est avéré mensonger aujourd’hui dans la cité des Kauravas. J’avais mesuré le mouvement des étoiles. Je l’avais calculé. De la destinée de l’homme, j’avais étudié les caractères non inscrits. J’étais l’astrologue d’un pays lointain. |
dhṛtarāṣṭra |
yāda mujhe ātā hai tumane kahā thā ki dvandva anivārya hai kyoṁki usase hī jaya hogī kaurava-dala kī. |
Dhritarachtra |
Je me souviens, tu avais dit, le conflit est inévitable car c’est de lui que proviendra la victoire du clan des Kauravas. |
yācaka |
maiṁ hūṁ vahī āja merā vijñāna saba mithyā hī siddha huā. sahasā eka vyakti aisā āyā jo sāre nakṣatroṁ kī gati se bhī zyādā śaktiśalī thā. usane raṇabhūmī meṁ viṣādagrasta arjuna se kahā- ‘maiṁ hūṁ parātpara. jo kahatā hūṁ karo satya jītegā mujhase lo satya mata ḍaro.’ |
Le mendiant |
En effet, je suis celui-là, Mais aujourd’hui, ma science toute entière, s’est avérée mensongère. Soudain, un homme prodigieux est arrivé, qui s’est avéré plus puissant que le mouvement des astres. Sur le champ de bataille, il dit à Arjuna : ‘Je suis l’Au-delà. Fais ce que je te demande, la Vérité triomphera. Tiens la Vérité de moi, n’aies pas peur.’ |
vidura | prabhu the ve. | Vidur | C’était le Seigneur ! |
gāndhārī | kabhī nahīṁ! | Gandhari | Certainement pas ! |
vidura |
unakī gati meṁ hī samāhita hai sāre itihāsoṁ kī sāre nakṣatroṁ kī daivī gati. |
Vidur |
C’est Son mouvement qui englobe l’Histoire toute entière, le mouvement divin qui embrasse tous les mouvements des astres. |
yācaka |
patā nahīṁ prabhu haiṁ yā nahīṁ kintu usa dina yaha siddha huā jaba koī bhī manuṣya anāsakta hokara cunautī detā hai itihāsa ko usa dina nakṣatroṁ kī diśā badala jātī hai. niyati nahīṁ hai pūrvanirdhārita- usako hara kṣaṇa mānava-nirṇaya banātā-miṭātā hai. |
Le mendiant |
Je ne sais pas si c’est le Seigneur ou pas mais, ce jour-là, il a été prouvé que lorsqu’un homme, détaché, lance un défi à l’Histoire, ce jour-là, la trajectoire des astres est déviée. Sa lancée n’est pas prédestinée… à chaque instant, la décision humaine la fait ou la défait. |
gāndhārī |
praharī isako eka aṁjula mudrāeṁ do. tumane kahā hai- ‘jaya hogī duryodhana kī.’ |
Gandhari |
Garde, donnez-lui une poignée de pierres précieuses Tu as dit : ‘Douryodhan sera vainqueur.’ |
yācaka |
maiṁ to hūṁ jhūṭhā bhaviṣya mātra mere śabdoṁ kā isa vartamāna meṁ koī mūlya nahīṁ mere jaise jāne kitane jhūṭhe bhaviṣya dhvasta svapna galita tattva bikhare haiṁ kaurava kī nagarī meṁ galī-galī. mātā haiṁ gāndhārī mamatā meṁ pāla rahī haiṁ saba ko. |
Le mendiant |
Je suis un simple avenir mensonger. En ce présent, ces paroles n’ont aucune valeur. Comme moi, qui sait combien d’avenirs mensongers, de rêves tombés, de principes épuisés, sont dispersés dans la cité des Kauravas, dans chaque ruelle. Gandhari est mère et son amour maternel nous protège tous. |
[praharī mudrāeṁ lākara detā hai.] | [Le garde apporte des pierres précieuses.] | ||
jaya ho duryodhana kī! jaya ho gāndhārī kī! |
Victoire à Douryodhan ! Victoire à Gandhari ! |
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[jātā hai.] | [Il part.] | ||
gāndhārī |
hogī avaśya hogī jaya. merī yaha āśā yadi andhī hai to ho para jītegā duryodhana jītegā. |
Gandhari |
Oui, la victoire est certaine. Si cet espoir est aveugle, alors qu’il le soit ! Il gagnera, Douryodhan gagnera. |
[dūsarā praharī ākara dīpa jalātā hai.] | [Le deuxième garde vient allumer les lampes.] | ||
vidura | ḍūba gayā dina… | Vidur | Le jour a disparu… |
dhṛtarāṣṭra |
para saṁjaya nahīṁ āe lauṭa gae hoṁge saba yoddhā aba śivira meṁ jīta kauna? hārā kauna? |
Dhritarachtra |
Mais Sandjay n’est pas arrivé. À cette heure-ci, tous les guerriers ont dû se retirer dans leurs tentes… Qui a gagné ? Qui a perdu ? |
vidura |
mahārāja ! saṁśaya mata kareṁ. saṁjaya jo samācāra lāeṁge śubha hogā mātā aba jākara viśrāma kareṁ nagara-dvāra apalaka khule hī haiṁ saṁjaya ke ratha kī pratīkṣā meṁ. |
Vidur |
Maharadj ! Ne doutez point. La nouvelle qu’apportera Sandjay sera favorable. Mata, allez donc vous reposer maintenant. Les portes de la cité restent ouvertes, sans fermer les paupières, elles guettent Sandjay. |
[eka ora vidura aura dūsarī ora dhṛtarāṣṭra tathā gāndhārī jāte haiṁ praharī punaḥ sṭeja ke ārapāra ghūmane lagate haiṁ.] | [Vidur part d’un côté, Dhritarachtra et Gandhari, de l’autre. De nouveau, les gardes arpentent la scène.] | ||
praharī 1 | maryādā! | Garde 1 | L’éthique ! |
praharī 2 | anāsthā! | Garde 2 | La mécréance ! |
praharī 1 | putraśoka! | Garde 1 | Le chagrin de la perte des fils ! |
praharī 2 | bhaviṣyat! | Garde 2 | L’avenir ! |
praharī 1 |
ye saba rājāoṁ ke jīvana kī śobhā haiṁ. |
Garde 1 |
Là ce sont les ornements de la vie des rois. |
praharī 2 |
ve jinako ye saba prabhu kahate haiṁ. isa saba ko apane hī jimme le lete haiṁ. |
Garde 2 |
Celui que tous ces gens-là appellent « Seigneur » Il les prend tous en charge ! |
praharī 1 |
para yaha jo hama donoṁ kā jīvana sūne galiyāre meṁ bīta gayā… |
Garde 1 |
Mais, la vie, la nôtre, passée dans les galeries désertes… |
praharī 2 |
kauna ise apane jimme legā? |
Garde 2 |
Qui va la prendre en charge ? |
praharī 1 |
hamane maryādā kā atikramaṇa nahīṁ kiyā kyoṁki nahīṁ thī apanī koī bhī maryādā. |
Garde 1 |
Nous n’avons pas franchi l’éthique car nous n’avions aucune éthique propre. |
praharī 2 |
hamako anāsthā ne kabhī nahīṁ jhakajhorā kyoṁki nahīṁ thī apanī koī bhī gahana āsthā. |
Garde 2 |
Jamais la mécréance ne nous a titillés car nous n’avions aucune croyance profonde. |
praharī 1 | hamane nahīṁ jhelā śoka. | Garde 1 | Nous n’avons pas subi de deuil. |
praharī 2 | jānā nahīṁ koī darda. | Garde 2 | Nous n’avons pas connu de douleur. |
praharī 1 | sūne galiyāre-sā sūnā yaha jīvana bhī bīta gayā. | Garde 1 | Comme ces galeries désertes, cette vie de service aussi a fait son temps. |
praharī 2 | kyoṁki hama dāsa the. | Garde 2 | Parce que nous étions des serviteurs. |
praharī 1 | kevala vahana karate the ājñāeṁ hama andhe rājā kī. | Garde 1 | Nous ne faisions qu’exécuter les ordres du roi aveugle. |
praharī 2 |
nahīṁ thā hamārā koī apanā khuda kā mata koī apanā nirṇaya. |
Garde 2 |
Nous n’avions jamais d’avis personnel, aucune initiative personnelle. |
praharī 1 |
isaliye sūne galiyāre meṁ niruddeśya niruddeśya calate hama rahe sadā dāeṁ se bāeṁ aura bāeṁ se dāeṁ. |
Garde 1 |
C’est pourquoi dans cette galerie déserte, sans but, sans but, nous avons toujours continué à déambuler de droite à gauche, et de gauche à droite. |
praharī 2 |
marane ke bāda bhī yama ke galiyāre meṁ calate raheṁge sadā dāeṁ se bāeṁ aura bāeṁ se dāeṁ! |
Garde 2 |
Même après la mort, dans les galeries de Yama, nous continuerons toujours à déambuler de droite à gauche, et de gauche à droite. |
[calate-calate viṁga meṁ cale jāte haiṁ. sṭeja para aṁdherā dhīre-dhīre paṭākṣepa ke sātha.] | [Ils marchent et disparaissent dans les coulisses. La scène s’obscurcit pendant que le rideau tombe.] | ||
kathā gāyana | Chant narratif | ||
āsanna parājaya vālī isa nagarī meṁ saba naṣṭa huī paddhatiyāṁ dhīme-dhīme yaha śāma parājaya kī bhaya kī saṁśaya kī bhara gae timira se ye sūne galiyāre jinameṁ būṛhā jhūṭhā bhaviṣya yācaka-sā hai bhaṭaka rahā ṭukaṛe ko hātha pasāre andara kevala do bujhatī lapaṭeṁ bākī rājā ke andhe darśana kī bārīkī yā andhī āśā mātā gāndhārī kī vaha saṁjaya jisako yaha vardāna milā hai vaha amara rahegā aura taṭastha rahegā jo divya dṛṣṭi se saba dekhegā samajhegā jo andhe rājā se saba satya kahegā. jo mukta rahegā brahmāstroṁ ke bhaya se jo mukta rahegā ulajhana se saṁśaya se vaha saṁjaya bhī isa moha-niśā se ghira kara hai bhaṭaka rahā jāne kisa kaṁṭaka-patha para. |
Dans cette cité proche de la défaite, toutes les traditions se sont corrompues peu à peu, un crépuscule de défaite, de terreur et de doute règne… Ces galeries désertes sont plongées dans l’obscurité où l’Avenir, tel un vieux mendiant félon, erre, la main tendue, quémandant une bouchée. Seuls demeurent deux lueurs évanescentes : l’étroitesse de la vision aveugle du roi et l’espoir aveugle de Mata Gandhari. Sandjay, qui a reçu le don, il est immortel et atteindra la rive. Celui qui, doué de la vision divine, voit tout, comprend tout, celui-là dira toute la vérité au roi aveugle. Celui qui est libre de la crainte des armes célestes de Brahma celui qui est libre de tourments et de doutes, même lui, Sandjay, plongé dans cette nuit de l’attachement erre, qui sait sur quel chemin d’épines… |