दस कहानियाँ
Prose poétique

Distribution complète sur   et fiche complète sur  .

L’écrivain (poète et parolier) Gulzar a écrit dix poèmes pour le projet cinématographique original de Sanjay Gupta Dus Kahaniyaaṁ, Dix récits. Chacun de ces poèmes esquisse son interprétation de ces récits.

ख़ाली समुंदर Une mer vide
गुलज़ार Traduction : Annie Heulin
उसे फिर लौटकर जाना है
ये मालूम था उस वक्त भी
जब शाम की सुरख-ओ-सुनहरी रेत पर
वो दौड़ती आई थी और लहराती यूँ आगोश में टिकती दिखती थी
जैसे पूरा का पूरा समुंदर लेकर उभड़ी है
Une fois encore, elle doit repartir
Cela, elle le savait en cet instant,
Quand sur le sable d’or-rouge du soir
Elle avait surgi et s’était élancée dans mes bras, puis paraissait immobilisée…
On dirait qu’elle avait émergé avec la mer toute entière.
उसे जाना है, वो भी जानती तो थी
मगर हर रात, फिर भी,
हाथ रखकर जान पर, खाते रहे कसमें
न मैं उतरूंगा उस साँसों के साहिल से
न वो उतरेगी मेरे आसमाँ पर झूलते तारों के पींघों से
मगर जब कहते-कहते दास्ताँ
वक्त ने लंबी जमाही ली
न वो ठहरी, न मैं ही रोक पाया था
Elle doit partir, cela, elle le savait aussi
Et pourtant, chaque soir,
La main sur le cœur, nous faisions des serments :
« Je ne redescendrai pas de la rive des souffles,
Elle ne redescendra pas du balancement des étoiles de mon ciel. »
Mais au beau milieu du récit
Quand le temps s’est figé
Elle n’est pas restée, je n’ai pas pu la retenir…
बहुत फूँका सुलगते चाँद को
फिर भी एक-एक कला घटते हुए देखा
बहुत खींचा समुंदर को
पर साहिल तलक हम ला नहीं पाए
सहर के वक्त, फिर उतरे हुए साहिल पे
एक डूबा-डूबा ख़ाली समुंदर था
La lune enflammée, nous l’avons beaucoup soufflée
Nous l’avons vu décroître, quartier par quartier
Nous avons exercé une intense attraction sur la mer
Mais nous n’avons pas réussi à l’amener sur la rive
À l’aube, la mer s’était laissée aspirer…
Le vide…
Rice plate Une assiette de riz
गुलज़ार Traduction : Clotilde Duprat
आठ ही बिलियन उम्र ज़मीँ की होगी शायद, ऐसा ही अंदाज़ा है कुछ साऐंस का… La terre n’a peut-être que huit milliards d’années à vivre, voilà une estimation approximative de la science…
चार बिलियन सालों की उम्र तो बीत चुकी है, कितनी देर लगा दी तुमने ? और अब मिलकर किस दुनिया की दुनियादारी की सोच ली ? किस मज़हब और ज़ात और पात की फ़िक्र लगी है ? Déjà quatre milliards d’années ont passées, comme tu as tardé (à venir) ? Et maintenant que tu es là, de quelles convenances sociales te préoccupes-tu ? Quelle religion ou caste te tourmentent (encore) ?
आओ चलें, अब तीन ही बिलियन साल बचे हैं… आठ ही बिलियन उम्र ज़मीँ की होगी शायद Allez, viens donc ! Il ne reste plus que trois milliards d’années… La terre n’a peut-être que huit milliards d’années d’existence…
khālī samundar Une mer vide
Gulzar Traduction : Annie Heulin
use phira lauṭakara jānā hai
ye mālūma thā usa vakta bhī
jaba śāma kī surkha--o-sunaharī reta para
vo dauṛatī āī thī aura laharātī yūṁ āġośa meṁ ṭikatī dikhatī thī
jaise pūrā kā pūrā samuṁdara lekara ubhaṛī hai
Une fois encore, elle doit repartir
Cela, elle le savait en cet instant,
Quand sur le sable d’or-rouge du soir
Elle avait surgi et s’était élancée dans mes bras, puis paraissait immobilisée…
On dirait qu’elle avait émergé avec la mer toute entière.
use jānā haivo bhī jānatī to thī
magara hara rāta phira bhī hātha rakhakara
jāna para khāte rahe kasameṁ
na maiṁ utarūṁgā usa sāṁsoṁ ke sāhila se
na vo utaregī mere āsamāṁ para jhūlate tāroṁ ke pīṁghoṁ se
magara jaba kkhahate-kahate dāstāṁ
vakta ne laṁbī jamāhī lī
na vo ṭhaharīna maiṁ hī roka pāyā thā
Elle doit partir, cela, elle le savait aussi
Et pourtant, chaque soir,
La main sur le cœur, nous faisions des serments :
« Je ne redescendrai pas de la rive des souffles,
Elle ne redescendra pas du balancement des étoiles de mon ciel. »
Mais au beau milieu du récit
Quand le temps s’est figé
Elle n’est pas restée, je n’ai pas pu la retenir…
bahuta phūṁkā sulagate cāṁda ko
phira bhī eka-eka kalā ghaṭate hue dekhā
bahuta khīṁcā samuṁdara ko
para sāhila talaka hama lā nahīṁ pāe
sahara ke vakta phira utare hue sāhila pe
eka ḍūbā-ḍūbā ālī samuṁdara thā
La lune enflammée, nous l’avons beaucoup soufflée
Nous l’avons vu décroître, quartier par quartier
Nous avons exercé une intense attraction sur la mer
Mais nous n’avons pas réussi à l’amener sur la rive
À l’aube, la mer s’était laissée aspirer…
Le vide…
Rice Plate Une assiette de riz
Gulzar Traduction : Clotilde Duprat
āṭha hī biliyana umra zamīṁ kī hogī śāyada aisā hī andāzā hai kucha sāaiṁsa kā… La terre n’a peut-être que huit milliards d’années à vivre, voilà une estimation approximative de la science…
cāra biliyana sāloṁ kī umra to bīta cukī hai kitanī dera lagā dī tumane aura aba milakara kisa duniyā kī duniyādārī kī soca lī kisa mazahaba aura zāta aura pāta kī fikra lagī hai Déjà quatre milliards d’années ont passées, comme tu as tardé (à venir) ? Et maintenant que tu es là, de quelles convenances sociales te préoccupes-tu ? Quelle religion ou caste te tourmentent (encore) ?
āo caleṁ aba tīna hī biliyana sāla bace haiṁ āṭha hī biliyana umra zamīṁ kī hogī śāyada Allez, viens donc ! Il ne reste plus que trois milliards d’années… La terre n’a peut-être que huit milliards d’années d’existence…