Vineet KKN ‘Panchhi’
वाराणसी

बनारस

अजनबियों से मिलना…

हम अपने आपको इतने फ़न-ए-खान समझते हैं लेकिन बनारस में जाकर…

कि कमबख़्त समझ जाता है मैंने काफ़ी जद-ओ-जेहद के बाद इस कविता का नाम बनारस रख दिया है, और कोई नाम हो भी नहीं सकता था। इसके तीन parts हैं, मानो छोटी-छोटी तीन miniature कहानियाँ या कविताएँ हों…

मुलाहिज़ा फ़रमाइये…

बनारस में Reebok का जूता Mes Reebok à Bénarès
विनीत ‘पंछीी’ Traduction : Djamila Akroun et Claudio Farias
पैर जैसे ही गाए के गोबर पे पड़ा
सफ़ेद Reebok के जूते की उम्र और कीमत, दोनों याद आ गए
पर गली के भिखमंगे बच्चों ने समझाया
Uncle, परेशान न होइये
दूसरे जूते को भी गोबर में डुबोइये
अब दोनों एक ही रंग के हो जाएंगे
न आपकी आँखों को खलेंगे
न कीमत याद दिलाएंगे
और तब भी आपको जूता अजीब लगे
तो हमें दे दीजियेगा
हम इसे गंगा-मैया में धोके ले आएंगे
हमारे पाँव ज़माने से नंगे हैं
इस बहाने हम भी जूता पहन पाएंगे
Dès que mon pied s’enfonça dans la bouse de vache,
L’inestimable valeur de mes Reebok blanches me revint en mémoire.
Mais les petits mendiants me consolèrent :
« Monsieur, ne vous inquiétez pas !
Plongez donc la deuxième chaussure dans la bouse de vache,
Toutes deux auront ainsi la même couleur !
Elles n’offusqueront plus votre vue
Et leur prix ne sera plus qu’un lointain souvenir…
Si malgré tout vos chaussures vous déplaisent,
Alors donnez les nous !
Nous irons les laver dans le Gange, notre Mère
Il y a belle lurette que nos pieds sont nus
Voilà un bon prétexte pour porter des chaussures ! »
बनारस का मदारी Le montreur de singes de Bénarès
विनीत ‘पंछीी’ Traduction : Djamila Akroun et Claudio Farias
बंदर-बंदरिया का खेल रोज़ चलता है
बंदरिया आगे ज़्यादातर कभी
कभी बंदर भी चलता है
बंदर-बंदरिया का नाच घाट प रोज़ चलता है
बंदरिया आगे ज़्यादातर कभी
कभी बंदर भी चलता है
मदारी की आवाज़ सुनते ही दोनों जमके dance करते हैं
कभी बंदर पिस्तौल उठाता है
कभी couple बनके romance करते हैं
मैंने जाने क्यों मदारी को समझाया-
“जानवर के साथ ऐसा क्यों करते हो, भाई?
आज़ाद कर दो इन्हें!
सारा दिन क्यों बाँधे रखते हो, भाई?
आज़ाद कर दो इन्हें!”
मदारी मुझसे ज़्यादा पका हुआ सयाना था
झुर्रियाँ बताती थीं, देखा इसने ज़माना था
बोला- “बाबू, नौकरी-पेशा लगते हो
Office से कितने दिन की छुट्टी मिली है?
हमारे बंदर की चिन्ता है
अपने मदारी से क्यों नहीं बात करते हो?”
Comme chaque jour, le singe et la guenon sont exhibés.
La plupart du temps, la guenon marche devant,
Mais parfois c’est le singe.
Quotidiennement, le singe et la guenon dansent sur le Ghât.
Le plus souvent, la guenon marche devant,
Mais parfois c’est le singe.
Tous deux dansent éperdument à l’injonction de leur maître, le madari1.
Parfois le singe tend un pistolet,
Parfois, imitant un couple, fusent caresses et baisers.
Sans trop savoir pourquoi, j’apostrophe le madari :
« Pourquoi imposes-tu cela à tes bêtes, mon frère ?
Relâche-les !
Pourquoi les attaches-tu toute la journée, mon frère ?
Relâche-les ! »
Le montreur de singe était plus mûr que moi,
Ses rides en témoignaient… Il répondit :
« Babou, tu es un employé, tu travailles dans un bureau, n’est-ce pas ? 
Combien de jours de vacances t’a-ton octroyés ?
Tu es inquiet pour mon singe,
Pourquoi ne poses-tu pas la question à ton madari » ?
1 Montreur de singes.
बनारस का साधु Le sadhu de Bénarès
विनीत ‘पंछीी’ Traduction : Djamila Akroun et Claudio Farias
खाट पे बैठे एक साधु से पूछा
क्यों, बाबा, क्या कुछ वेद-शेद जानते हो या यूँ ही पाखंड करते हो?
किस अखाड़े के हो? कौन है गुरु तुम्हारा?
कुछ धर्म के बारे में आता-जाता है
या यूं ही public को झंड करते हो
साधु बड़ी देर शायद लेटा था
आँखें पूरी खोली, ली जमाही
पीछे से चिलम निकाली, माल डाला, चिलम जलाई
बोला, बैठो, अभी जवाब देते हैं
एक-आद सवाल हमारा भी है,
तुम जवाब देनेवाले बनो, हम भी देते हैं
साधु बोला, बेटा, जितना ख़ुद को अक्लमन्द, पढ़ा-लिखा बताते हो
सच बताओ, life में जो कहते हो, सब कर पाते हो?
मुस्कुराके बोला, जिस दिन मेरे साथ बैठकर सच बोल पाओगे, समझ जाओगे
ये ज़िन्दगी है, बेटा, जिस दिन ये बेकार के सवाल बन्द कर दोगे,
जवाब ख़ुद-ब-ख़ुद सुन पाओगे
Un jour, j’interrogeai un sadhu assis sur un lit de fortune :
« Baba, connais-tu vraiment les Védas ou fais-tu juste semblant ?
À quelle lignée de maîtres appartiens-tu ? Qui est ton gourou ?
As-tu la moindre connaissance du dharma,
Ou est-ce simplement pour haranguer la foule que tu es là ? »
Le sadhu était probablement allongé depuis longtemps.
Il ouvrit grand les yeux, prit la pipe
Posée derrière lui, la bourra, l’alluma et dit :
« Assieds-toi, je vais te répondre là, maintenant.
Mais avant, moi aussi, j’ai une ou deux questions pour toi.
À toi de me répondre, et je te rendrai la pareille ! »
Le sadhu continua : « Mon fils, tu as l’air d’être un homme intelligent et instruit…
Dis-moi la vérité, dans la vie, fais-tu vraiment tout ce que tu dis ? »
Puis il reprit, sourire aux lèvres : « Le jour où tu pourras dire la vérité en t’asseyant face à moi, tu saisiras !
Ainsi va la vie, fiston, le jour où tu cesseras de poser ces questions stériles,
Alors, tu comprendras ! »

Introduction

ajanabiyoṁ se milanā…

hama apane āpako itane fana-e-khāna samajhate haiṁ lekina Banārasa meṁ jākara…

ki kaṁbakhta samajha jātā hai. maiṁne kāfī jada-o-jehada ke bāda isa kavitā kā nāma Banārasa rakha diyā hai, aura koī nāma ho bhī nahīṁ sakatā thā। isake tīna parts haiṁ, māno choṭī-choṭī tīna miniature kahāniyāṁ yā kavitāeṁ hoṁ…

mulāhizā faramāiye…

Banārasa meṁ Reebok kā jūtā Mes Reebok à Bénarès
विनीत ‘पंछीी’ Traduction : Djamila Akroun et Claudio Farias
paira jaise hī gāe ke gobara pe paṛā
safeda Reebok ke jūte kī umra aura kīmata, donoṁ yāda ā gae
para galī ke bhikhamaṁge baccoṁ ne samajhāyā
Uncle pareśāna na hoiye
dūsare jūte ko bhī gobara meṁ ḍuboiye
aba donoṁ eka hī raṁga ke ho jāeṁge
na āpakī āṇkhoṁ ko khaleṁge
na kīmata yāda dilāeṁge
aura tab bhī āpako jūtā ajība lage
to hameṁ de dījiyegā
hama ise Gaṁgā-maīyā meṁ dhoke le āeṁge
hamāre pāṇva zamāne se naṁge haiṁ
isa bahāne hama bhī jūtāa pahana pāeṁge
Dès que mon pied s’enfonça dans la bouse de vache,
L’inestimable valeur de mes Reebok blanches me revint en mémoire.
Mais les petits mendiants me consolèrent :
« Monsieur, ne vous inquiétez pas !
Plongez donc la deuxième chaussure dans la bouse de vache,
Toutes deux auront ainsi la même couleur !
Elles n’offusqueront plus votre vue
Et leur prix ne sera plus qu’un lointain souvenir…
Si malgré tout vos chaussures vous déplaisent,
Alors donnez les nous !
Nous irons les laver dans le Gange, notre Mère
Il y a belle lurette que nos pieds sont nus
Voilà un bon prétexte pour porter des chaussures ! »
Banārasa kā madārī Le montreur de singes de Bénarès
baṁdara-baṁdariyā kā khela roza calatā hai
baṁdariyā āge zyādātara kabhī
kabhī baṁdara bhī calatā hai
baṁdara-baṁdariyā kā nāca ghāṭa pa roza calatā hai
baṁdariyā āge zyādātara kabhī
kabhī baṁdara bhī calatā hai
madārī kī āvāza sunate hī donoṁ jamake dance karate haiṁ
kabhī baṁdara pistaula uṭhātā hai
kabhī couple banake romance karate haiṁ
maiṁne jāne kyoṁ madārī ko samajhāyā-
“jānavara ke sātha aisā kyoṁ karate ho, bhāī?
āzāda kara do inheṁ
sārāa dina kyoṁ bāṇ dhe rakhate ho, bhāī?
āzāda kara do inheṁ!”
madārī mujhase zyādā pakā huā, sayānā thā
jhurriyāṇ batātī thīṁ, dekhā isane zamānā thā
bolā- “bābū, naukarī-peśā lagate ho
Office se kitane dina kī chuṭṭī milī hai?
hamāre baṁdara kī cintā hai
apane madārī se kyoṁ nahīṁ bāta karate ho?”
Comme chaque jour, le singe et la guenon sont exhibés.
La plupart du temps, la guenon marche devant,
Mais parfois c’est le singe.
Quotidiennement, le singe et la guenon dansent sur le Ghât.
Le plus souvent, la guenon marche devant,
Mais parfois c’est le singe.
Tous deux dansent éperdument à l’injonction de leur maître, le madari1.
Parfois le singe tend un pistolet,
Parfois, imitant un couple, fusent caresses et baisers.
Sans trop savoir pourquoi, j’apostrophe le madari :
« Pourquoi imposes-tu cela à tes bêtes, mon frère ?
Relâche-les !
Pourquoi les attaches-tu toute la journée, mon frère ?
Relâche-les ! »
Le montreur de singe était plus mûr que moi,
Ses rides en témoignaient… Il répondit :
« Babou, tu es un employé, tu travailles dans un bureau, n’est-ce pas ? 
Combien de jours de vacances t’a-ton octroyés ?
Tu es inquiet pour mon singe,
Pourquoi ne poses-tu pas la question à ton madari » ?
1 Montreur de singes.
Banārasa kā sādhu Le sadhu de Bénarès
Vineet ‘Panchhi’ Traduction : Djamila Akroun et Claudio Farias
khāṭa pe baiṭhe eka sādhu se pūchā
kyoṁ bābā kyā kucha veda-śeda jānate ho yā phira yūṁ hī pākhaṁḍa karate ho
kisa akhāṛe ke ho kauna hai guru tumhārā
kucha dharma ke bāre meṁ ātā jātā hai
ya yūṁhī public ko jhaṁḍa karate ho
sādhu baṛī dera śāyada leṭā thā
āṁkheṁ pūrī kholī lī jamāhī
pīche se cillama nikālī phira māla ḍālā cillama jalāī
bolā baiṭho abhī javāba dete haiṁ
eka āda savāla hamārā bhī hai
tuma javāba denevāle bano hama bhī dete haiṁ
sādhu bolā beṭā jitanā khuda ko aklamanda paṛhā-likhā batāte ho
saca batāo life meṁ jo kahate ho saba kara pāte ho
muskurāke bolā jiasa dina mere sātha baiṭhakara saca bola pāoge samajha jāoge
ye zindagī hai beṭā jisa dina ye bekāra ke savāla banda kara doge
javāba khuda-ba-khuda suna pāoge
Un jour, j’interrogeai un sadhu assis sur un lit de fortune :
« Baba, connais-tu vraiment les Védas ou fais-tu juste semblant ?
À quelle lignée de maîtres appartiens-tu ? Qui est ton gourou ?
As-tu la moindre connaissance du dharma,
Ou est-ce simplement pour haranguer la foule que tu es là ? »
Le sadhu était probablement allongé depuis longtemps.
Il ouvrit grand les yeux, prit la pipe
Posée derrière lui, la bourra, l’alluma et dit :
« Assieds-toi, je vais te répondre là, maintenant.
Mais avant, moi aussi, j’ai une ou deux questions pour toi.
À toi de me répondre, et je te rendrai la pareille ! »
Le sadhu continua : « Mon fils, tu as l’air d’être un homme intelligent et instruit…
Dis-moi la vérité, dans la vie, fais-tu vraiment tout ce que tu dis ? »
Puis il reprit, sourire aux lèvres : « Le jour où tu pourras dire la vérité en t’asseyant face à moi, tu saisiras !
Ainsi va la vie, fiston, le jour où tu cesseras de poser ces questions stériles,
Alors, tu comprendras ! »

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