Gulzar
Neglected Poems
La traduction de ces poèmes est due à Francine de Perczynski.
नौ साला फ़राज़ का कहना है… | Paroles d’un déserteur de 9 ans… |
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बड़ा होने लगा था, फिर खयाल आया कि रुक जाऊँ… जो पानी पी रहा हूँ मैं, वो गदला है हवा भी बासी लगती है!… सड़क पे छाँव रहती थी उसे भी टुकड़ा-टुकड़ा काट के सब ले गये कब के मैं घर आया तो टी. वी. में धुआँ देखा कहीं पे ट्रेन जलती थी किसी ने बस जला दी थी घरों को जलते-गिरते देख कर घर से निकल आया |
Comme je commençais à grandir, il me vint à l’esprit Que je devrais m’arrêter… L’eau que je bois est boueuse, L’air que respire aussi s’avère vicié !… L’ombre qui caressait la route, Elle aussi a été déchiquetée, lambeau par lambeau, emportée par les gens il y a bien longtemps ! Quand je suis rentré chez moi, j’ai vu la fumée sur l’écran de la télévision Par ici, un train en flammes, Là, quelqu’un avait mis le feu à un bus. Témoin de maisons incendiées, démolies, je suis sorti de chez moi. |
अगर आधी सदी से, आप ही कहिये यही सब चल रहा है तो इसी में आपका बचपन गया होगा इसी में मैं बड़ा हूंगा तो फिर कितना ज़रूरी है बड़ा होना ! |
Vous le voyez bien, si tout cela perdure Depuis un demi-siècle, alors Quel a dû être le berceau de votre enfance ! Je vais grandir parmi tout cela ; Alors, est-ce vraiment indispensable de grandir ? |
नंग-धड़ंग ज़मीं पर लेटे-लेटे मैंने | Étendu à même le sol nu |
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नंग-धड़ंग ज़मीं पर लेटे-लेटे मैंने कितनी बार सुना है इस मिट्टी के नीचे कुछ आवाजें रेंग रही हैं |
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कान लगा कर, दरियाओं के छुप जाने की चाप सुनी है, छोटे-छोटे बीजों के फटने से अन्दर… पेड़ों के गिरने की सी भारी आवाज़ें गूँजती हैं औलादों को घर के बाहर जाने से कोई रोक रहा है ऊपर (là-haut) मत जान कि… लोग ज़मीं के कपड़े, लत्ते, ज़ेवर, नोच-नोच कर बेच रहे हैं ज़मीं की दुल्हन लूट रहे हैं चीर हरण का दौर चला है! |
कुछ दिन पहले… | Il y a quelques jours… |
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कुछ दिन पहले… पाकिस्तान में बाबा रहते थे लाहौर बड़ा अपना लगता था आख़री बार आवाज़ सुनी थी बाबा की ‘गर्मी है, बारिश हो जाए तो ठीक हो जाएगा साँस दमे में घुटने लगती है!’ साँस ही तोड़ दी बाबा ने कोई नहीं अब शहर में अपना लाहौर अब सिर्फ़ पड़ोसी है! |
Il y a quelques jours… Baba1 habitait (encore) au Pakistan (Et) Lahore2 semblait m’appartenir. Une dernière fois j’ai entendu la voix de Baba : « Il fait chaud, une petite pluie et tout ira bien : Respirer, avec cet asthme, c’est si suffocant ! » Et puis Baba a cessé de respirer. Maintenant plus personne ne m’attache à cette ville. Lahore n’est plus qu’une voisine, désormais ! |
1 | Père |
2 | Deuxième ville du Pakistan après Karachi, Lahore est située dans une région florissante dont le terrain est fait d’alluvions fertiles, dans la plaine du fleuve de l’Indus. |
बाबा | Père |
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जब चिराग बुझता है इक धुआँ सा उठता है आफताब शाम को जब गुरब होता है टीन का फलक भी तो देर तक सुलगता है पत्ते टूटते हैं तो थोड़ी दूर उड़ते है तुमने जाते वक्त क्यों मुड़ के देखा भी नहीं साँस रोकी और तुम मिट्टी ओढ़ सो गये। |
Quand une bougie s’éteint Une volute de fumée s’élève ; Au crépuscule Quand le soleil disparaît, Le ciel couleur étain aussi se consume Pendant longtemps ; Quand les feuilles se détachent Elles flottent dans l’air sur quelques mètres. Pourquoi alors, au moment de partir, N’as-tu même pas tourné la tête ? Tu as arrêté de respirer, Pris la terre comme linceul et sombré dans le sommeil. |
उस कलसी का पेंदा नहीं है | Cette cruche n’a pas de fond |
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उस कलसी का पेंदा नहीं है जिस कलसी को दरिया में हर रोज़ डुबो कर पानी भर के लाता हूँ और अपनी क्यारियाँ सींचता हूँ |
Elle n’a pas de fond Cette cruche que je plonge Dans la rivière chaque jour pour prendre de l’eau et arroser mes plantes. |
पेंदा नहीं है उस लोटे का जिस लोटे से गंगा घाट पे बैठ के रोज़ नहाता हूँ और ख़ुश्क बदन को पोंछ के मैं, पोशाक बदल लेता हूँ |
Il n’a pas de fond, ce pichet Que j’utilise chaque jour pour mes ablutions, assis sur le ghât du Gange, Avant de sécher mon corps et changer de vêtements. |
बिन पेंदे के डोल से मैं रोज़ कुंए से पानी खींच के बाकी बर्तन भरने की कोशिश करता हूँ सब भांडे प्यासे रहते हैं |
C’est aussi avec un seau sans fond que chaque jour, je puise l’eau du puits Pour tenter d’en remplir d’autres ustensiles : Tous ces récipients demeurent assoiffés. |
बिन पेंदा हैं नाम ख़ुदा के उनमें अब ईमान नहीं भरता! |
Sans fondement sont les noms de Dieu : On ne peut plus les remplir de vénération ou de foi ! |
वो जो इक मीयाद थी ना | La date de péremption |
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वो जो इक मीयाद थी ना इस्तेमाल की… वो गुज़र चुकी! दवा की शीशियों पे लिखी जाती है इसी लिए मीयाद बाद इस्तेमाल करने से दवाइयां भी बासी होने लगती हैं फिर कोई इलाज कर नहीं पाती (सकतीं) फिर भी तर्क न हुई तो ज़हर बनने लगती हैं |
Vous savez cette date de péremption, D’utilisation… Ella a expiré ! On l’inscrit sur les flacons des médicaments car une fois la date dépassée, si on l’utilise La potion même commence à pourrir. Alors elle ne peut plus soigner Et si on ne s’en débarrasse pas, alors elle devient du poison. |
बासी हो चुके मज़हबो के ए’तक़ाद सब… वो जो इक मीयाद थी ना, इस्तेमाल की वो गुज़र चुकी! |
Toutes les valeurs qui animent les religions sont pourries… Vous savez, cette date de péremption, d’utilisation, Elle a expiré ! |